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Constant Crestey : un aviateur engagé

Constant Crestey aux commandes du Morane-Saulnier MS-137 (F-AOUY), acquis neuf en 1936 par Georges Hauton, un membre de l’Aéro-Club Populaire de Rouen, revendu en mai1938 à l’ACPR. le 26 juin1939, Son crash met un terme à l’activité aérienne du club. (Collection privée Nelly Crestey)

Constant François CRESTEY est né le 18 mars 1899 à Tourlaville1(Manche), fils de Auguste Jean CRESTEY, ouvrier à l’Arsenal maritime de Cherbourg, natif de Tourlaville, et de Marie Monique Augustine LIOT, couturière, native de Gonneville (Canton de St Pierre-Eglise, Manche). Il a un frère aîné, Louis Auguste CRESTEY, né en 1893 à Tourlaville, sous-chef de dépôt à la SNCF, Mort pour la France en gare de Caen le 11 avril 1944.

Constant CRESTEY est une figure incontournable et engagée de l’aérodrome de Rouen-Rouvray dès 1931 jusqu’à son décès en 1959.

Les archives de la Manche permettent d’accéder en ligne au registre des incorporations de la classe 1919 de la 10ème Région subdivision Cherbourg. En indiquant la page 519 en bas de la visionneuse, on arrive directement sur la fiche militaire de Constant Crestey, et on peut tout savoir de ses périodes militaires ainsi que de son engagement dans la résistance. Ainsi, Il est incorporé au 136ème régiment d’infanterie le 21 avril 1918 sous le matricule n° 824 comme soldat de seconde classe. Le 1er juillet 1921 il est renvoyé dans ses foyers. Il est ensuite rattaché à la classe 17.

Benne basculante inventée par Constant Crestey et brevetée sous le numéro 534301 délivré le 4 janvier 1922 (Collection privée Nelly Crestey)

Au cours des années 20, il réside à St-Cloud dans les Yvelines, puis à Paris, au 121, rue des Dames dans le 17ème arrondissement. Il a une fille d’un premier mariage , Monique CRESTEY, née le 14 septembre 1925. Après la Seconde Guerre mondiale, il aura deux enfants en secondes noces.

En 1921, Constant Crestey invente un système de benne basculante dépose un brevet français n°534301 délivré le 4 janvier 1922. Ce brevet a fait l’objet d’une adjonction, numéro 25525, en date du 28 décembre 1922.

Après la Première Guerre Mondiale, il est embauché comme chef d’atelier des prototypes chez Hanriot, puis en 1925 comme dessinateur en aviation chez Morane où il participe à la sortie du Morane-Saulnier MS 137.

Par ailleurs, à partir des années 30, il est directeur de cinéma, notamment le « Cinéma Modern » au Houlme, puis entre 1950 et 1959 le « Kursaal » de Gournay-en-Bray où il est domicilié, Le « Théatre des variétés » à Hendaye, le « Magic » au Creusot, « L’Eden » à Rennes,etc.

Aviation-Garage à coté de l’aérodrome de Rouen-Rouvray (Collection privée Constant Crestey)

Entre 1930 et 1932, il ouvre l' »Aviation-Garage »(voir la carte de visite) sur le terrain de Rouen-Rouvray derrière le hangar de l’ Aéro-Club de Normandie dont il est membre (carte de membre actif datée de 1932).

Ce garage dédié à l’entretien des avions était situé de l’autre côté de la route nationale RN840, aujourd’hui dénommée l’avenue des Canadiens, qui menait de Rouen à Elbeuf, juste à côté du Café-Tabac-Restaurant « Aux trois Canards ».

1933 Morane MS AR.35C F-AMEB de Constant Crestey (collection privée Jean Bétrancourt]

Après avoir commencé à piloter dès 1931, il obtient son brevet de pilote en 1932. En 1933, il devient moniteur et achète trois MS AR.35C, Le F-AMEB, le F-AMOT et le F-AMQZ, signe peut-être d’un projet d’école…, mais qui restera sans suite, ce qui le conduit à les revendre dès l’année suivante.

Il est classé pilote militaire d’avion estafette en raison de l’IM2 N°1267-5 A.E.M.G du 13 décembre 1934. Breveté pilote militaire d’avion estafette à compter du 12 août 1935 Brevet N°145.

Le Farman F.190 F-AJIA, carte postale probablement distribuée à l’occasion d’un baptême de l’air (collection privée Constant Crestey)

Il conserve le Farman F.190, le F-AJIA3. L’avion participe au meeting aérien du 9 juillet 1933 en faisant des baptêmes de l’air, mais piloté par une autre personne. Toutefois Constant Crestey a participé à plusieurs meetings aériens (il est notamment présent dans le film « Meeting d’Aviation à Rouen » de la famille Bétrancourt).

L’adresse du Garage Aviation, « Rouen/Madrillet4 » situé près de l’aérodrome figurant en 1934 sur l’enregistrement de l’un de ses avions, indique qu’il pourrait s’être occupé accessoirement de reventes d’avions. Puis, il apparait à nouveau en 1936 dans un article publié dans le Journal de Rouen consacré à l’ACPR).

Constant Crestey. (Photographe Chapuis, 25 quai de Paris, Rouen) (Collection privée Nelly Crestey)

Fin 1936, il participe à la création de l’Aéro-club Populaire de Rouen qui prend naissance officiellement le 29 décembre, Il est soutenu par la municipalité de Rouen et reçoit également l’aide de l’Aéro-club Populaire du Havre (son Président, Mr Grochet, préside à la nomination du bureau rouennais provisoire).

Le nouveau club ne semble pas être le bienvenu sur l’aérodrome et la ville de Rouen devra menacer de résilier la location du terrain en 1937 pour que l’Aéro-Club de Normandie accepte de lui faire une place… L’ACPR s’installe en mars 1937 sur l’aérodrome de Rouen-Rouvray dans un des anciens hangars militaires. . Finalement, la ville de Rouen reprend à son compte la gestion du terrain.

L’ACPR est destiné aux adultes qui ne peuvent pas accéder aux SAP (Section d’Aviation Populaire). L’objectif est de proposer un brevet pour 1500 francs, contre 4100 francs dans un club classique. Les leçons sont données gratuitement, par conséquent, les élèves n’ont à payer que l’essence et l’huile, ce qui explique pour partie la forte progression des inscriptions à l’ACPR Le premier bureau a lieu début 1937 : Crestey est nommé Président secondé par messieurs Molho et Guéroult vice-présidents, Hanotte, secrétaire général, Laquerrière trésorier. Parmi les administrateurs Roland Duruble deviendra constructeur amateur avec la série des Edelweiss dont le RD03 à train rentrant classé IFR (vol aux instruments).

En mars 1937, des subventions sont accordées par la Mairie de Rouen et le syndicat ouvrier CGT. Le ministère de l’Air met alors à disposition de l’ACPR une tente hangar pour trois avions. L’ACPR compte approximativement 80 membres (trois sections cadets/juniors/seniors). Affilié à la Fédération Populaire des Sports Aéronautiques (100 clubs et 10000 membres…), toutefois l’ACPR se défend de vouloir faire de la concurrence à la Section Aéronautique Populaire (SAP) créé au sein de l’aéro-club de Normandie.

En même temps qu’un planeur Avia XVA, le club acquiert un MS 137 (F-AOUY) en avril 1938 auprès de Georges Hauton, membre de l’ACPR. Des baptêmes à 50 francs sont organisés pour attirer des nouveaux membres. Et grâce à la volonté de Constant Crestey qui se rend toujours disponible pour ses élèves malgré ses occupations professionnelles dans son garage Ainsi l’ACPR compte une centaine de membres à la fin de l’année répartis dans les différentes sections : vol à voile, pilotage et modèles réduits. Les avions sont abrités dans un des hangars militaires.

En 1938, le conseil d’administration est composé de Constant Crestey (président) : Lebatteux, William Cornier et Poissant (Vice-président et secrétaire général) : Laquerrière (Administrateur). Tony Larue (homme politique), Molho, Botté, Beauvain. L’enquête de police de mars1938 les place tous comme militant de partis du Front populaire.

Le club possède un « rouleur » qui permet aux débutants de s’entraîner. »Le Minéo Club Oissel » rejoint l’ACPR dans le courant de l’année, apportant en plus de ses membres un planeur Vuillemot, un treuil et un « rouleur », ce qui n’est pas du goût du GRAAL (Groupement Rouennais d’Aviation Légère) .

L’accident du MS 137 le 26 juin 1939 met un terme à l’activité aérienne du club. Il fusionne avec l’ACN en 1944, et Crestey intègre le bureau du club. Il n’est plus propriétaire d’aucun avion.

Constant Crestey, daté de 1940 (Collection privée Nelly Crestey)

En tant qu’aviateur pour l’armée, il a également effectué des missions aériennes de renseignements militaires, notamment à la base aérienne de Rennes du 20 au 31 octobre 1939 et à celle de Gaël du 9 novembre au 1er décembre 1939 (en tant que sergent-chef puis adjudant, spécialité « moniteur-pilote »). 
Engagé dans la Résistance (FFI7) le 1er octobre 1943, il est fait prisonnier par les Allemands le 15 octobre 1943. Il s’évade le 5 juin 1944. Il est rendu à la vie civile avec le grade d’adjudant. le 27 octobre 1944, peu de temps après la libération de Saint-Étienne-du-Rouvray8 il est nommé9 maire de cette ville, (voir procès verbal) jusqu’en avril 1945.

Constant Crestey décède en 1959 après une vie dédiée à l’aviation légère bien remplie et certains de ses élèves sont probablement devenus Pilote de Ligne chez Air France ou pilotes de chasse sur Dewoitine 520 pendant la « drôle » de guerre…

Aérodrome de Rouen–Rouvray en 1938 avec au premier plan les avions et le hangar de l’Aéroclub de Normandie et derrière de l’autre côté de la route l' »aviation-Garage » de Constant Crestey accolé au café-Tabac « aux trois canards » (collection privée Jean Bétrancourt)

Avions ayant appartenu à Constant Crestey

  • 3 MS AR35C F-AMEB (acheté en mai 1933 vendu en octobre 1934), F-AMOT (acheté en mai 1933, vendu en mai 1933) et F-AMQZ (acheté en mai 1933, vendu en juin 1934)
  • Potez 36.13 F-ALOB (acheté en octobre 1934, vendu en janvier 1936)
  • Hanriot HD.35 F-AIRP (acheté en octobre 1937,vendu en mai 1938)
  • Farman F190 F-AJIA (acheté en juin 33 vendu en aout 1936)

Notes de la rédaction

  1. Tourlaville est l’une des cinq communes qui ont fusionné le 1er janvier 2016 avec Cherbourg en Cotentin dans le département de la Manche.
  2. IM =Instruction ministérielle.
  3. Histoire du F-AJIA sur Crezan.net de Michel Barrière
  4. Rouen/Le Madrillet est une autre appellation de Rouen/Rouvray, le Madrillet étant un quartier de Saint-Étienne-du-Rouvray (Rouvray issu de robora en latin signifiant chêne)
  5. F-ALOB : Numéro de série : 2503. Équipage : 2. Moteur Salmson 7 ac (moteur chromé). Modèle 1931 avec aménagement de luxe. Ailes argentées.
  6. Archives « Guide Aérien Michelin France-1935-1936 : https://www.bibert.fr/Joseph_Bibert_fichiers/BA%20122_Souvenirs_fichiers/Betrancourt.htm
  7. FFI = Force Françaises de l’intérieur / FTP = Francs-Tireurs et Partisans
  8. Libération de Saint-Étienne-du-Rouvray : 31 août 1944
  9. En 1944, les premiers maires sont nommés dans les villes libérées pour remplacer les autorités vichystes. Les premières élections municipales auront lieu les 29 avril et 13 mai 1945. Ce sont les premières élections depuis la libération de la France et les premières où les femmes peuvent voter.

Remerciements et sources des informations :

Je tiens à remercier les personnes qui m’ont aidé à réaliser cet article :


Marcel Doret et son Dewoitine D1 F-AHAZ

Marcel Doret etD ewoitine D10 F-AHAZ

Marcel Doret dans son Dewoitine D1 F-AHAZ ©Alain Bétrancourt

Ci-dessus, sans doute le Dewoitine D1 n°111 F-AHAZ construit en 1925 et acheté en 1929 par Marcel Doret et qu’il utilisa durant de nombreuses années jusqu’à la fin de l’année 1933. Cet appareil sera radié en 1934. C’est pour permettre d’emmener son fidèle mécanicien avec lui qu’il le fit convertir en biplace, le poste arrière était occulté pendant les présentations ou compétitions. Cette photographie a  probablement été prise  sur le terrain de Rouen-Le Madrillet au début des années 1930. À priori c’est sur cet avion qu’il installa une caméra qui lui permit de tourner de nombreuses séquences d’acrobatie. Celles-ci, montées par J.C. Bernard, furent rassemblées dans un film intitulé « Roi de l’acrobatie aérienne » qui fit connaître Doret et lui valut quelques contrats.

Dewoitine D1 F-AHAZ de Marcel Doret lors des journées nationales de l'aviation les 19 et 20 mai 1929 @Jacques Hémet

Dewoitine D1 F-AHAZ de Marcel Doret lors des journées nationales de l’aviation les 19 et 20 mai 1929 @Jacques Hémet

 
Sources des informations :
Alain Bétrancourt
Michel Léveillard
Jacques Hémet

Regis Biaux, Jean-Paul Bonora et Didier Lecoq via les Aéroforums

« Trait d’union dans le ciel » de Marcel DORET
« Les avions Dewoitine » de Raymond DANEL et Pierre CUNY

Parachutisme en Auster V à l’Aéroclub de Normandie en 1965

David Lebloas et Auster F-BTTJ  de l’aeroclub de Normandie en 1965 ©David Lebloas
Merci à David Lebloas qui nous fait partager ses souvenirs de parachutiste à l’Aéroclub de Normandie au début des années 60. Après avoir témoigné de l’utilisation du Caudron Phalène en 1964, voicii un témoignage sur l’Auster V de L’ACN en 1965 :
« Tout d’ abord, un petit parallèle entre le Phalène et l’Auster : Je pense que ce dernier montait plus rapidement en altitude. Par contre, la carlingue était plus étroite pour nous que celle du Phalène. Celui-ci était plus confortable. Dans l’Auster, nous étions pratiquement couchés, têtes vers la queue. Pour sauter, nous mettions le pied gauche sur le marche-pieds et nous servions du hauban pour nous projeter dans le vide, face au moteur. Dans le Phalène, nous sautions face à la queue. Je me rappelle bien des sauts effectues depuis l’Auster. Suivant la direction du vent, nous sautions soit au dessus du quartier Sainte Lucie, soit à la verticale de la poudrière, soit au dessus de la forêt en bout de piste et également au dessus de la forêt derrière la guinguette qui existait à l’ époque à la place du Novotel actuel. Il y a beaucoup de choses à raconter et chacun des parachutistes à son histoire personnelle. Les parachutistes chevronnés de l’époque, les plus assidus, seraient plus qualifiés que moi pour parler de ces années.« 

Annick X et le pilote Jean Delamare ©David Lebloas

Affiche de Meeting Aérien à Rouen-Le Madrillet

Journée Aérienne-Aérodrome de Rouen-Le Madrillet ©OKR

Voici une très belle affiche (155 x 117 cm) dessinée par B. Delcourt journaliste-dessinateur à Paris-Normandie récemment entoilée  annonçant une journée aérienne  sur l’Aérodrome de Rouen-Rouvray dit « Le Madrillet » (fermé en 1968). Cette journée organisée par l’Aéroclub de Normandie sous le patronage de Paris-Normandie et Sprint eut lieu un 6 juin, mais on peut se demander de quelle année ?

Grâce à une demande d’aide sur Aéroforum (http://www.aerostories.org/~aeroforums/forumhist), nous sommes actuellement arrivés au conclusions suivantes. En prenant pour référence arbitraire que pour ce meeting le 6 juin était un dimanche cela donne les 3 années suivantes possibles 1948, 1954, 1965.
Sur l’affiche on peut voir deux Vampires particulièrement reconnaissables en raison de leur fuselage arrière bi-poutre ce qui peut nous aider à trouver l’année de cette journée aérienne rouennaise.

Michel Léveillard témoigne « Le premier Grand Meeting d’après-guerre a Rouen fut en 1947 avec la participation des YAKs Du Normandie Niemen. Les suivants eurent lieu en 1948 – 1949 …etc
Le seul de ces trois Meetings dont je me souviens avoir vu des Vampire fut en 1948
 » Regis Biaux nous informe que l’Armée de l’Air n’a mis en service ses Vampire qu’en octobre 1949, par conséquent les Vampire vus par Michel Léveillard en 1948 en présentation au Madrillet, ne pouvait être que des Vampire de la RAF. Dans ce cas, on peut se demander pourquoi les Vampires de l’affiche ont des cocardes françaises ?
En 1954, ce sont les pleines années Vampire dans l’Armée de l’Air, donc possible en vol lors d’un meeting au Madrillet… et en corrélation avec l’affiche.

Les Vampire de l’Armée de l’Air l’avion ayant terminé leur carrière opérationnelle en 1961, il n’a pu être possible de les voir en meeting en 1965.

Maintenant, les affiches des meeting aérien organisés par l’Aéroclub de Normandie étant soumises à concours il se peut que cette affiche soit seulement une étude.  Il faudrait probablement aller chercher dans les archives de Paris-Normandie ou de Sprint pour obtenir plus d’informations sur cette journée aérienne.

Voici quelques dates de meeting aérien organisés à Rouen après la seconde guerre mondiale : 11/08/46, 8/06/47, 06/06/48, 6/06/49, 4/06/50, 31/08/52, 30/05/55, 10/07/57, 6/09/59 (Pavilly) et 24/06/62 (Rouen-Boos)


Bureau de l’Aéroclub de Normandie en 1932

Bureau_de_Aeroclub_de_Normandie_1932

Bureau de l’aéroclub de Normandie 1932 ©Bétrancourt

Nous en savons maintenant un peu plus sur l’origine de cette photo faisant partie des album de Jean Bétrancourt  qui fut vice-président de l’Aéroclub de Normandie et qu’Alain Bétrancourt, son petit fils a la gentillesse de nous faire partager.

L'air 12-1932©Michel Barrière

L’air 12-1932©Michel Barrière

Il y a 80 ans, elle fut publiée dans le numéro spécial paru en décembre 1932 de la revue mensuelle « l’Air » ,  édité pour le 13ème Salon international de l’Aéronautique de 1932 à Paris. Ce gros numéro spécial comprend un « chapitre » sur l’aviation privée avec une liste de très brèves monographies des principaux aéro-clubs et une ou deux photos des présidents ou fondateurs. Le grand format de la revue est la raison de l’image tronquée de la couverture. Voici l’article concernant l’Aéroclub de Normandie :

« Il y a deux ans (1930) Rouen ne possédait ni terrain, ni aménagements d’aucune sorte au point de vue aérien. aujourd’hui, l’Aéro-club de Normandie possède un FARMAN 200 triplace (F-ALPF), pour les baptêmes de l’air; un Farman 234 (F-ARLV) pour les rallyes; six avions privés, garés dans les installations édifiés par les soins du club sur l’aérodrome du Madrillet.
Depuis le 1er janvier jusqu’au 30 septembre 1932, 884 heures 30 de vol ont été totalisées par les trois avions du club avec 1753 atterrissages. Dix-neuf élèves ont été brevetés. Si l’on ajoute les heures de vols des avions privés on dépasse 2000 heures. Le nombre des baptêmes s’élève à 1917. Dans le tour de France de l’Union des Pilotes Civil l’équipage composé de (Jean) Bétrancourt et (Émile) Antérion a fini premier ex æquo. (Jean) Horlaville se classa dixième sur trente dans le Rallye d’Auvergne. Les avions ont participé à toutes les manifestations de la région. A la grande fête du 26 juin purent prendre part trente avions. »

legende_bureau_ACN_1932

On peut  d’ailleurs noter  quelques erreurs dans l’orthographe des noms, donc sont debout de gauche à droite :

Marcel LAIGNÉ trésorier adjoint, Émile ANTÉRION secrétaire adjoint, René CANO assesseur, Jean BÉTRANCOURT trésorier et Henri DUVAL,
et assis de gauche à droite :

Dr Robert DELABOST assesseur, René AUBIN Vice-président, Louis ANTIER président, Julien LUFBERY président d’honneur, Jean HORLAVILLE secrétaire général de l’Aéroclub de Normandie.

Les membres du bureau de L’aéroclub de Normandie posent dans le hangar de l’Aéroclub de Normandie au terrain de Rouen- Le Madrillet devant le CAUDRON 232 – F-AJZI qui sera détruit en 1934 dans un accident.

Caudron 232 F-AJZI de l'Aéroclub de Normandie en 1930 © Alain Bétrancourt

Caudron 232 F-AJZI de l’Aéroclub de Normandie en 1930 © Alain Bétrancourt

Jean Bétrancourt fut vainqueur du premier tour de France en compagnie d’Émile Antérion en 1932 et du second en 1933 avec Henri Duval sur le Farman 234 (F-ARLV)


Source des informations :
Alain Bétrancourt, petit fils de Jean Bétrancourt.
François-Xavier Bibert : http://www.bibert.fr/Joseph_Bibert_fichiers/BA%20122_Souvenirs_fichiers/Betrancourt.htm
Michel Léveillard
Pierre-François Mary
Michel Barriere : www.crezan.net

Atterrissage sur le ventre du Norécrin F-BDSF

Norecrin F-BDSF de Guy Anseaume posé sur le ventre à Rouen-Rouvray le 26 juillet 1947 ©Anseaume

Samedi 26 juillet 1947, seulement huit jours après la livraison de son avion, Guy Anseaume (Vice-président de l’aéroclub de Normandie) du poser volontairement son Norécrin F-BDSF sur le ventre suite à une panne de commande du train d’atterrissage . En effet, alors que le pilote voulut actionner la commande de sortie de train au retour d’un vol, il s’aperçut que celle-ci était inopérante . Après avoir tourné environ un quart d’heure au dessus du terrain de Rouen « Le Madrillet » en essayant toutes sortes de manœuvre pour essayer remédier à la panne, il se résigna à poser l’appareil sur le ventre sur la partie la plus gazonnée devant le hangar . Guy Anseaume pilote expérimenté réussi à poser son avion en seulement 40 mètres sans capoter, il en résulta très peu de dégâts sur l’avion . Les pompiers intervinrent avec une camionnette équipée d’une grue pour soulever l’avion et sortir le train . Après quelques vérifications et réparations il reprit ses vols et participa en particulier à « La croisière bleue » du 27 mars au 16 avril 1948.

Dépannage par les pompiers du Norécrin F-BDSF ©Anseaume

Quelques particularités du système de manœuvre du train d’atterrissage du Norécrin

Pour manœuvrer le train d’atterrissage, il fallait d’abord choisir si on voulait sortir ou rentrer celui-ci en faisant faire un quart de tour du bon coté à la poignée qui se trouvait sur le levier de manœuvre . Ensuite en pompant avec ce levier, vous manœuvriez le train ce qui prenait du temps . Il n’y avait pas d’alarme sonore ni de témoins lumineux (les trois vertes) pour indiquer que le train était sorti ou non… Il fallait regarder sur les ailes où un petit « truc » sortait quand le train était sorti, quant à la roulette de nez, il suffisait de vérifier de visu à travers une fenêtre située aux pieds du pilote…

 

Norecrin F-BDSF musée aéronautique du Berry au Touchay ©Claude Salaün

Le Nord 1201″Norécrin » F-BDSF n°11 a été enregistré pour la 1ère fois  le 19 juillet 1947 au nom  de Guy Anseaume et basé sur le terrain de Rouen « Le Madrillet » il eu ensuite les changements de propriétaire suivants :
15/07/1953 Antoine Just, Villars18/07/1962 Jacques Girard, La Ciotat
06/05/1966 Association Amicale Aéronautique, Toulouse Lasbordes
09/07/1971 Maurice Guénard, Déols
Il fut finalement radié du registre des immatriculations des aéronefs le 04/12/1978 pour cause de réforme . Finalement, cet avion est stocké de bonne manière, fuselage suspendu et ailes séparées au Musée Aéronautique du Berry à Touchay dans le Cher .

Sources des informations :
Daniel et Hervé Anseaume

Michel LéveillardArticle

« le Norécrin » de Claude Salaün  dans Bleu Ciel Magazine N°4 de 2009


Morane-Saulnier MS-343.2 F-AROU

Morane-Saulnier 343.2 F-AROU BYRRH à Rouen-Rouvray ©Anseaume
Morane-Saulnier 343.2 F-AROU BYRRH à Rouen-Rouvray ©Anseaume

Cette photo m’a gentiment été prêtée par les enfants de Guy Anseaume . On peut y voir  le MS-343.2 F-AROU (cn4586.2 23.03.39) équipé d’un moteur Salmson 9 Nc de 135 Cv de passage en 1939 sur le terrain de Rouen-Rouvray (Le Madrillet) . Cet avion basé à Villacoublay était la propriété Jacques & Simone Violet Freres  qui sont les petits-enfants de Simon Violet le fondateur à Thuyr du vin apéritif aromatisé au quinquina BYRRH (voir historique)
Selon Pascal Brugier qui a édité un premier registre de avions français jusqu’en 1939 (publié un temps par le Fana) , Le F-AROU porterait le cn 1 de son type.
Ensuite, cet appareil affecté à la SECT (Section d’entraînement des corps techniques) sous l’immatriculation CT-54 a été accidenté et sans doute détruit le 02/05/40 à Ris-Orangis.

Source des Informations :

Aéroforum : http://www.aerostories.org/~aeroforums/forumhist
Air Britain : http://www.ab-ix.co.uk/firstfiles.html
Golden Years of Aviation : http://www.goldenyears.ukf.net/reg_F-21.htm
Les registres du monde de Pascal Brugier : http://www.brugier.com/
Le Fana de l’Aviation n°235 juin 1989  p43: registre F liste compilé par Jean Liron


POTEZ 36 F-ALQT

Potez 36-13 F-ALQT de l’aéroclub de Normandie ©Michel Léveillard et Alain Bétrancourt

La photo de ce Potez 36 se situe sur le terrain de Rouen-le Madrillet. Le Potez 36 est le premier avion de tourisme à cabine fermée construit en série. Le F-ALQT est un Potez 36.13 (n/c 2620), biplace côte à côte équipé d’un moteur Salmson 7ac de sept cylindres en étoiles refroidi par air de 95ch et d’une hélice Ratier. Sa vitesse maximum est de 150 km/h pour  56 km/h à l’atterrissage et une autonomie de 500 km.
Il a successivement appartenu à Pierre Prouteau (Boissy Saint Léger) 11/03/32, à Maurice Gouy  (Rouen) 11/05/34, à l’Aéroclub de Normandie 06/08/38 (Jean Bétrancourt devant le Potez 36 de l’ACN sur la photo ci-dessous), à L’aéroclub de Villefranche (villefranche-sur-Saône) 08/08/38. Dès la déclaration de guerre en 1939, il sera réquisitionné par l’Armée de l’Air comme tous les appareils civils pouvant être incorporés dans ses unités de transport, d’entraînement et de liaison. Plus d’une douzaine de Potez 36 vont survivre au conflit et reprendre du service dans la seconde moitié des années 40. Le F-ALQT sera le premier avion restauré par les « Ailes Anciennes Le Bourget » pour être exposé au Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget à partir de mai 1976, il est actuellement stocké dans les réserves du musée.
D’après « Les Ailes Anciennes le Bourget » l’étoile de David peinte sur les portes du F-ALQT indique que cet appareil appartenait à l’État et était prêté à un aéroclub sous le contrôle de Réseau des Sports Aériens , mais d’après une autre source elle signifierait que l’avion avait été acquis par l’aéroclub grâce à une subvention de l’état. Une très belle monographie du Potez 36 écrite par Christophe Cony fut publiée dans la revue bimestrielle « Avions » (n°170 à 173, juillet 2009 à janvier 2010)
Sources des informations
Revue  » Avions » : http://www.avions-bateaux.com
Ailes Anciennes Le Bourget : http://skyswords.chez-alice.fr/aalb/

List’in MAE de Pyperpote : http://www.pyperpote.tonsite.biz/pages/indexpag.html
L’album photo de Jean Bétrancourt : http://www.bibert.fr/Joseph_Bibert_fichiers/BA%20122_Souvenirs_fichiers/Betrancourt.htm


Jean Bétrancourt : un pilote passioné

Jean Bétrancourt et Émile Antérion devant le Farman F234 F-ALRV de l’Aéroclub de Rouen Normandie sur e terrain de Rouen-Rouvray (collection privée Alain Bétrancourt)

Né en 1907 à Laon (Aisne), Jean Bétrancourt a grandi à Rouen, où ses parents étaient venus s’établir. C’est vers cette époque, à l’age  de 8 ans, à Saint Valéry en Caux, qu’il ressentit sa vocation aéronautique, à la vue d’un avion anglais que le mauvais temps avait contraint à atterrir:  » je pus assister à son départ et le suivis des yeux jusqu’à ce qu’il ait disparu, petit point noir, à l’horizon« .   A 20 ans, Jean Bétrancourt put réaliser son rêve d’homme volant. Reçu en bon rang à la préparation militaire, admis à choisir son arme, il opta pour l’aviation. Le 27 mai 1927, soldat du 34° Régiment Aérien, cantonné au Bourget, il assista à l’atterrissage du « Spirit-of-Saint-Louis » de Charles Lindbergh. Le succès de l’américain vainqueur de l’Atlantique, incita définitivement Jean Bétrancourt à solliciter son entrée à l’École de pilotage d’Istres, et il fut breveté le 12 novembre 1927. Dès lors se dessinait pour le jeune aviateur, une carrière d’autant plus extraordinaire qu’elle fut presque uniquement accomplie dans l’aviation de tourisme.   Il comptait alors plus de 3000 heures de vol et ne pouvait plus dénombrer les types d’appareils qu’il avait pilotés quand il reçu l’accord de Didier Daurat pour intégrer la compagnie Latécoère, mais il préféra s’associer avec son frère Louis (courtier d’agent de change). Dès 1929, il figura parmi les pionniers qui imposèrent à l’aviation rouennaise un tournant décisif. A l’Aéroclub de Normandie, fondé en 1911, les ballonniers restaient à cette époque  en majorité. En 1930, les aviateurs rouennais qui venaient d’édifier, au Madrillet un hangar, « touchèrent » leur premier avion, un Caudron, que suivit peu après un Hanriot 14. L’essor s’accentua très vite. Jean Bétrancourt participa à de nombreux rallyes européens.  En 1932, Les équipage Bétrancourt-Antérion   et Bétrancourt-Duval, en 1933 se classèrent premiers au « Tour de France des avions de tourisme » avec le Farman 234 Immatriculé F-ALRV (archives de Flight). En 1938, Il contribua à la réalisation du dernier meeting d’avant-guerre au Madrillet, malheureusement endeuillé par la mort du président Louis Antier. En 1939 il fut mobilisé et termina la drôle de guerre à Blida, où il avait convoyé, depuis Perpignan, un triplace de chasse, un Potez  600. A la libération, Jean Bétrancourt se lança dans la préparation minutieuse de ces meeting aériens qui réconcilièrent, bientôt les rouennais avec l’aviation. Car il réalisa la prouesse d’attirer des foules immenses, pour assister aux évolutions dans le ciel du Rouvray, des derniers avions de guerre à hélice. On put y voir une démonstrations des « yaks » russes, rescapés de l’escadrille Normandie-Niemen et des exhibitions de la célèbre patrouille acrobatique d’Etampes.  Devenu premier vice-président de l’Aéroclub de Normandie, Il fut auprès du président André Marie,  le plus merveilleux des animateurs. Inlassable, il travaillait à nouveau à un meeting national quand le 26 mars 1962, le malaise qui devait l’emporter le frappa en plein après-midi, dans le bureau qu’il partageait avec son frère Louis Bétrancourt . Sa grande joie aéronautique, Jean Bétrancourt la tirait de l’école de pilotage du club. Il lui vouait tous ses soins, l’administrait avec autorité et compétence. Il pouvait se flatter que beaucoup de jeunes pilotes formés au Madrillet (Rouen-Rouvray) aient fait leur carrière dans l’armée ou dans les grandes compagnies civiles.

La natation doit aussi beaucoup à Jean Bétrancourt. Il avait maintenu au club de vikings une activité exemplaire transformant cette société en pépinière de champions. Beaucoup qui débutèrent aux Viking ont inscrit leurs nom au palmarès des Championnats de Normandie et de France. Il accompagnait les Vikings à L’étranger dans leurs déplacements. Il accueillait à la piscine sous leur bannière beaucoup de sociétés nautiques visiteuses et les galas des Vikings marquèrent la vie sportive rouennaise.

Ne manquez pas d’aller voir  L’album photo de Jean Bétrancourt, où grâce à un superbe travail de restauration des photos, François-Xavier Bibert nous présente une page entière  très riche en légendes sur la vie aéronautique de Jean Bétrancourt. Cet Album fait partie du site  consacré à la Base aérienne 122 – Chartres : L’album du souvenir de l’entre deux guerres .


Nord 1002 F-BAUB du SALS

Nord 1002 F-BAUB (collection privée Michel Léveillard)

Ce Nord 1002 a été pris en photo en 1948 sur le terrain de Rouen-Rouvray (dit Le Madrillet) ou il était assez souvent de passage. Grâce aux quelques informations de Michel, les fins limiers du forum d’Aerostories ont pu mettre en évidence que cet avion ne pouvait être que le F-BAUB (n°118) immatriculé le 3 mai 1946 basé à Lognes-Emerainville (LFPL) au nom du Service de l’Aviation Légère et Sportive (SALS). A partir du 29 août 1949 il est prêtê avec un total de 367 heurs de vol de centre national de Saint-Yan (LFLN)  son Certificat de Navigabilité (CdN) fut radié  sur place le 17 mai 1955 (environ 480 heures) A la libération le Nord 1000 fut conçu à partir du Messerchmitt 108 Taifun , cette version était équipée d’un moteur Argus AS-10C, elle fut suivie par le Nord 1001 qui reçu un moteur Renault 6Q11 (sens de rotation gauche) et le Nord 1002 équipé d’un Renault 6Q10 (sens de rotation droite).
Une partie des sources historiques sur les Nord 1002 provient de l’article signé par Jacques Chillon dans le Trait d’Union n°208 de Mars-Avril 2003.
Je vous conseille le  nouveau site de Jacques Strübi qui nous explique comment du Messerschmitt BF108 on est arrivé jusqu’au Nord 1002 :
http://sites.google.com/site/messerschmittbf108nord1002/home

Source des informations :
Le ailes d’une administrations  Vital Ferry et Pierre Laroua
Bleu Ciel éditions


Norécrin F-BEOB

(photo collection privée Michel Léveillard)

On peut voir ici en 1949, Jacques Luffrans et Michel Léveillard deux amis de l’aéroclub de Normandie, devant le Norécrin « ville de Rouen » (F-BEOB cn 117 de couleur bleue), notez le trou dans le capot pour la manivelle du démarreur à inertie du moteur Regnier . À l’arrière plan on voit le Caudron Phalène (F-AMCI). En 1970 le F-BEOB devenu entre temps G-BEDB est exposé a la ferme de Chirk-Ley au Pays de Galles.
Jacques vit toujours dans la région et s’occupe activement du Mémorial-Normandie-Niemen aux Andelys dans l’Eure ainsi que du musée de la BA105 d’Évreux, Michel est devenu Commandant de bord pour Eastern Airlines et vit toujours au États-Unis.

Accident d’autogire à Rouen en 1938

(photos collection privées Michel Léveillard)

Le 29 mai 1938, l’aéroclub de Normandie organisait son meeting annuel dans le cadre des fêtes Jeanne d’Arc présidées par Édouard Hériot sur le terrain de Rouen-Rouvray (Le Madrillet).
Le pilote Vautier (à l’arrière) devait présenter l’autogire Cierva C30A (F-AOIO) au cours du meeting. Afin de rappeler le meeting aux Rouennais, l’appareil fit un tour sur la ville emmenant avec lui comme passager le président de l’aéroclub de Normandie, Louis Antier. L’enquête n’a pas révélé ce qui s’est passé pendant la phase d’atterrissage, mais l’appareil s’écrasa dans les sapins qui bordaient le terrain. Le pilote fut éjecté et légèrement blessé, mais Louis Antier fut emmené dans le coma à l’hôtel dieu ou il décéda une heure plus tard. Pour honorer leur président une stèle fut érigé au bout du hangar des avions et face à l’Aéro-Bar qui abritait le siège du club (commune de Grand Quevilly). En 1968 le terrain du Madrillet fut fermé pour laisser place au parc des expositions, le club et toutes ses activités furent transférées sur le terrain de Rouen-Boos. La Stèle resta en place jusqu’à la construction du Zénith. Depuis,elle a été déplacée et aujourd’hui se situe en face du terminus du bus n°12.