Au service de la Marine portugaise, l ‘Amiral Carlos Viegas Gago Coutinho (1869 – 1959) a parcouru le monde. À partir de 1898, il se fait connaître pour ses cartes géographiques de délimitation des frontières des territoires d’outre-mer. Au cours de ses travaux, Gago Coutinho fait une traversée de l’Afrique. En 1921, il réalise avec Sacadura Cabral la traversée aérienne Lisbonne – Funchal (Madère).
Entre 30 mars et le 18 avril 1922 , Gago Coutinho et Sacadura Cabral réussirent la première traversée aérienne , de Lisbonne au Rocher de Saint Paul dans l’Atlantique Sud. Les rochers Saint-Pierre et Saint-Paul sont une douzaine de petites îles et rochers situés dans l’océan Atlantique, à environ 985 km au nord-est de la ville brésilienne de Natal. Ils font partie de l’État brésilien du Pernambouc.
Le 30 mars 1922 au matin, le capitaine de frégate Sacadura Cabral, pilote, et le vice-amiral Gago Coutinho, navigateur, quittaient la baie de Lisbonne sur un hydravion Fairey F-3 à moteur Rolls-Royce de 360 CV ; l’appareil était d’un type de série modifié par l’adaptation d’une plus grande voilure et de flotteurs appropriés à la charge accrue de l’hydravion, qui pesait plus de 3 tonnes. En huit heures et demie, le Lusitania — c’était le nom du Fairey — gagnait Las Palmas. Retenus aux Canaries par le mauvais temps jusqu’au 4 avril, les aviateurs volaient ce jour-là, en dix heures, jusqu’à Saint-Vincent (îles du Cap-Vert), où la tempête les bloquait. C’était seulement le 18 qu’ils quittaient Porto Praïa, au sud de l’archipel, à destination de l’île Fernando de Noronha. Un ravitaillement avait été prévu au rocher Saint-Paul pour le cas où le vent contraire interdirait de couvrir sans escale les 2.500 kilomètres de cette rude étape; de fait, le Lusitania, ayant dû mouiller au rocher, fut saisi par les lames violentes se succédant par trois, bien connues des marins habitués à ces parages ; un flotteur céda, l’hydravion fut détruit.
Le 11 mai, Cabral et Coutinho, en possession d’un second Fairey, repartaient de Fernando de Noronha, allaient virer sur Saint-Paul où leur voyage avait été interrompu, puis remettaient le cap sur la côte brésilienne; cette fois, une panne de moteur les obligeait à se poser en mer et, huit heures plus tard, un vapeur britannique recueillait l’équipage; l’appareil, lui, était brisé dans les efforts faits pour le prendre à bord.
Le 5 juin, à bord d’un troisième hydravion, Cabral et Coutinho allaient de Fernando à Pernambuco ; le 17, ils mouillaient en rade de Rio de Janeiro.
Cette liaison, malgré ses traverses, était un grand exploit de navigation aérienne; l’amiral Gago Coutinho, alors âgé de cinquante-deux ans, avait apporté dans l’entreprise toute son expérience de spécialiste en matière de géodésie et d’observations astronomiques ; des bombes à fumée pour la détermination des dérives, un sextant spécialement étudié et depuis lors répandu à travers les aéronautiques du monde, des tables d’observation minutieusement préétablies pour tout le parcours, tels avaient été les éléments d’une navigation enfin victorieuse.
L’amiral Gago Coutinho ne devait pas cesser, depuis lors, de manifester le plus actif intérêt pour les traversées aéromaritimes au long cours; au début de 1931, il fut à bord du Do-X géant lorsque le grand Dornier à 12 moteurs alla, à son tour, de Lisbonne à Rio de Janeiro. Quant à Sacadura Cabral, il devait disparaître en mer, probablement dans la Manche, le 14 novembre 1924, alors qu’il convoyait un hydravion de Hollande au Portugal.
Auteur : Charles Dollfus (Histoire de l’Aéronautique 1938)
Comme reconnaissance de toute son œuvre, Gago Coutinho fut nommé directeur honoraire de l’Académie navale portugaise en 1926. Il se retira de la vie militaire en 1939. Il décède à Lisbonne en 1959.
Sources des informations :
Gallica.BNF.fr /Musée Air France
Histoire de l’Aéronautique 1938 par Charles Dollfus et Henri Bouché
L’année aéronautique 1922 par Louis Hirschauer et Charles Dollfus