J’ai reçu ces deux photos de Languedoc de la part de Michel Léveillard ces deux photos scannées d’après des cartes postales qu’il avait achetées au Bourget en 1949.
Pour l’identification et l’historique de ces deux avions, je ne pouvais pas faire mieux que demander l’aide de Philippe Ricco qui a écrit le livre : SNCASE SE.161 Languedoc. Les balbutiements de l’aviation de transport moderne en France.
Voici sa réponse concernant le F-BCUA ci-dessus :
« La première photo montre le SNCASE SE.161/P7 « Languedoc » n° 27, immatriculé F-BCUA. Sur les documents officiels, y compris les certificats de navigabilité, la désignation initiale Bloch 161 est souvent utilisée, ce qui correspond en fait au nom du bureau d’études Marcel Bloch (qui prendra le nom de Marcel Dassault après guerre) qui l’a développé, plutôt qu’à l’usine qui l’a fabriqué. Il a été construit à Toulouse par la SNCASE (Société nationale de construction aéronautique du Sud-Est) d’abord sous le n° 20 avec des moteurs Gnome et Rhône 14N54/55. Il a fait son 1er vol aux mains de Pierre Nadot le 7 janvier 1947, puis a été réceptionné par le CATRE le 6 février 1947. Le lendemain, il est officiellement pris en compte par Air France sous le n° 27, avec un total de 10 heures de vol.
Il est aussitôt entré en chantier à Toulouse-Montaudran pour recevoir des moteurs Pratt & Whitney et devenir ainsi un P7 (P pour Pratt et 7 pour 7eme version). Le chantier a duré du 18 février au 2 juin. Le 3 juin 1947, il a été officiellement livré par l’établissement central du matériel aéronautique de Nanterre du ministère de l’Air à Air France, à titre gratuit. Il a obtenu son CdN le 5 juin et son certificat d’immatriculation F-BCUA le 6 juin 1947. Le 16 décembre 1950 il mute de propriété du gouvernement provisoire de la république française vers Air France.
Il est retiré du service d’Air France le 30 décembre 1952 avec 6157 heures de fonctionnement. Il a été pris en compte par Tunis-Air du 23 février 1953 jusqu’au 17 octobre de la même année date à laquelle il est restitué à Air-France, hors exploitation, avec 6700 heures. Il est stocké pendant plus d’un an à Toulouse-Montaudran, avant d’y subir une révision complète et un chantier de modification pour le SAR, qui le prend en compte le 17 mars 1955. Il a été accidenté un mois plus tard, le 20 avril 1955 au Bourget : il a percuté le toit d’un bâtiment suite à une sortie dissymétrique des volets. L’équipage a survécu, mais pas l’avion. J’ai raconté en détail toute cette histoire dans mon livre, avec nombreuses photos, y compris diverses vues de cet accident. Il est radié du registre des immatriculations le 14 novembre 1966, mais ce n’est qu’une régularisation administrative. A cette date, plus aucun Languedoc ne volait. »
Philippe Ricco a raconté en détail toute cette histoire dans son livre SNCASE SE.161 Languedoc, illustré de nombreuses photos, y compris de cet accident
Et voici la réponse de Philippe Ricco pour la photo ci-dessus
« Celle- ci montre le Languedoc n° 2 F-BATB, doté de moteurs Gnome et Rhône 14N. On peut voir facilement la différence de moteurs entre les deux photos : position différente de la prise d’air (dessous sur les 14N, dessus sur les Pratt) et la casserole d’hélice beaucoup plus grosse sur les 14N. Autre différence importante : le n° 2 a les petites dérives initiales, alors que le n° 27 a des dérives agrandies. On voit aussi d’autres différences, comme la forme du pare-brise, plus inclinée sur le n° 2, ou bien encore la position des diverses antennes.
Pour en apprendre plus sur l’histoire des Languedoc :
SNCASE SE.161 Languedoc. Les balbutiements de l’aviation de transport moderne en France de Philippe Ricco
Air France 1945-1958, l’âge d’or des hélices de Bernard Vielle
Un rescapé, le SE-161 « Languedoc » par Roland de Narbonne dans le Fana de l’Aviation n°429 d’août 2005