La vie de pilote de Marcel Henriet
Recordman européen du nombre d’heures de vol avec 33 654 heures, Marcel Henriet a passé plus de 4 ans de sa vie aux commandes d’un avion grâce à trois carrières successives, sans jamais lâcher le manche.
Débuts difficiles dans la vie
Né le 05 avril 1908 à Sancey-le-Grand, Roger Marcel Constant Henriet est très vite orphelin de son père Jules mort au combat durant la première guerre mondiale. Il va à l’école primaire à Maîche, puis sa mère pour respecter la tradition familiale l’inscrit au petit séminaire.
Parce qu’il manque de se faire renvoyer suite à un problème de discipline, sa mère le rejette. C’est seulement 27 ans plus tard, parce qu’il a reçu la légion d’honneur, qu’elle accepte de le revoir. Entre temps un oncle l’a pris en charge lui permettant de continuer la filière séminaire. Mais à 18 ans, il se fait prendre à faire le mur et est exclu définitivement. Son oncle le rejette à son tour.
En 1930, se trouvant seul à Dijon, il passe par hasard devant une caserne de l’aviation. Les tenues des aviateurs lui plaisent, il s’engage immédiatement sur place et n’ayant pas de préférence se retrouve mécanicien au sol.
Bien que les premières années sa vie n’aient pas été simples, Marcel Henriet aimait à dire qu’il avait eu la Baraka (chance) à plusieurs reprises que ce soit grâce à la rencontre de certaines personnes ou lors de ses accidents d’avion.
Quand le vent tourne
Au sein de la caserne, il joue dans une équipe de rugby dont le capitaine est également un haut gradé de la caserne. Celui-ci le prend à part et lui dit. « Tu n’es pas bon avec les mains mais ton cerveau tourne bien, je peux te faire passer élève pilote mais tu dois passer d’abord ton bac ».
Il s’inscrit en candidat libre pour passer le bac, et trouve des petits boulots en parallèle pour le payer. Il sera serveur, jardinier… et il fera aussi le mannequin dans une vitrine durant une journée entière.
Ayant obtenu son bac, il peut changer de filière. Il quitte Dijon pour rejoindre Strasbourg où il devient pilote au 2 – ème RAC (Régiment des Avions de Chasse). En 1932 Il a son premier accident à bord d’un Nieuport NiD62C (photo ci-dessus) sans gravité pour lui alors que l’avion est détruit. Ce sera la seconde manifestation de la « baraka ».
En 1934, Marcel quitte une première fois l’Armée de l’air pour rentrer à Air France. Alors qu’il est en poste en Algérie, la seconde guerre mondiale est déclarée, de fait il se retrouve à nouveau incorporée sous les drapeaux comme pilote et il participe à quelques bombardements. Mais durant cette période il est essentiellement affecté au convoyage des huiles Lors d’un transfert, il est abattu et doit poser en catastrophe le Caudron Goéland qu’il pilote, on retrouve 142 impacts de balle sur la carlingue et seul, le radio est blessé au pied ; troisième action de la « baraka ». A la suite de cet évènement il reçoit une première distinction
En mai 1945 il reçoit la Croix de Guerre des mains du Colonel Pelletier Doisy pour sa participation à la campagne de Tunisie,
En 1946, il reprend du service à Air France et rouvre la ligne sur Hong Kong ainsi que celle sur Madagascar.
C’est en Tunisie, juste avant guerre que Marcel rencontre Andrée, sa future épouse
A partir de 1949, il est en poste à SaÏgon où Andrée donne naissance en 1950 à Dominique, leur première fille. En 1952, de retour à Paris, ils se marient. Leur seconde fille Catherine nait en 1953 à Brazzaville où Marcel Henriet est alors affecté.
De 1957 à 64, il est détaché à Madagascar avec d’autres pilote de ligne d’Air France pour former des pilotes locaux et lancer la compagnie Air Madagascar il y reste jusqu’ à sa retraite en 1964
En 1961, ayant toujours eu envie d’être avocat, Marcel Henriet obtiendra sa licence de droit à Madagascar.
En 1964, il se décide à prendre sa retraite, mais pas question de rester inactif. Il prend des responsabilités au sein de la caisse de retraite des pilotes jusqu’en 1995. Il s’investit aussi dans la société SOGESTA en tant qu’administrateur et pour compléter son planning il devient commissaire général du Tour de France Aérien des Jeunes Pilotes organisé par la Fédération Nationale Aéronautique (FNA) et ce jusqu’en 1991 participant ainsi au perfectionnement de près de 12 000 jeunes pilotes. Il est également moniteur bénévole à Meaux-Esbly et participe ponctuellement à des opérations d’Aviation sans Frontière.
En 1988 il participe à la 6 – ème édition au Rallye Toulouse-St louis du Sénégal avec le Cessna C172 F-GDIB et remporte la 1ere place.
En 1992, la fédération Aéronautique Internationale lui attribua le diplôme Charles Lindbergh pour honorer tant d’années au service de l’aéronautique et des jeunes, ce qui constitua sa plus grande fierté.
Puis il prend enfin sa vraie retraite et descend dans le midi où jusqu’en 1999, il continue de voler à l’aéroclub de Cannes la Napoule . Le 5 octobre 2000, Marcel Henriet s’envole pour toujours après 70 ans au service de l’aviation et un peu plus de 35 500 heures de vol.
Témoignages à lire
- L’enfant sur les genoux de Jean Belotti
- Le Mousquetaire des montagnes par Bernard Chabbert
Décorations et distinctions
- Croix de guerre, mai1945
- Chevalier de la légion d’honneur, le 25 février 194
- Officier de la légion d’honneur le 23 janvier 1956
- Médaille d’Honneur de l’Aéronautique Argent le 18 avril 1957
- Médaille de l’aéronautique le 27 avril 1959
- Commandeur de l’ordre National du Mérite le 4 janvier 1984
- Diplôme Lindbergh remis à l’Aéro-Club de France le 25 septembre 1992
- Epingle des 2 000 000 de km d’Air France
Récapitulatif des brevets et licences aéronautiques de Marcel Henriet
- Brevet de pilote d’avion de tourisme 1er degré
- Brevet de pilote d’avion de tourisme 2eme degré N°10-260 le 12/11/3 $
- Brevet Pilote Privé d’avion TT N°24118 le 09/04/1968
- Instructeur pilote privé avion Voltige 2eme cycle et testeur SFA 04570 le 22/10/86
Tourisme :
- Brevet de pilote d’avion de tourisme 1er degré
- Brevet de pilote d’avion de tourisme 2eme degré N°10-260 le 12/11/3 $
- Brevet Pilote Privé d’avion TT N°24118 le 09/04/1968
- Instructeur pilote privé avion Voltige 2eme cycle et testeur SFA 04570 le 22/10/86
Militaire :
- Brevet supérieur de mécanicien n° 4417 le 27/03/27
- Brevet de pilote de chasse n° 23316 le 03 juin1931 à Istres
Transport
- Brevet de pilote transport public N° A 43 A le 10/11/41
- Brevet de navigateur élémentaire N°A 33 A le 23/06/41
- Brevet de navigateur supérieur N°A 233 P le 08/12/49
- Brevet Pilote de ligne PL N°0119 le 22/10/54
Source des informations
- Catherine et Joël Suroy
- Benoît Colin
- Aviation et pilote N°226 novembre 1992