Paul Legastelois pilote-representant

Paul Legastelois, organisateur de la croisière bleue ©Anseaume

À priori, rien ne destinait Paul Legastelois, à faire carrière dans l’aviation.
Son père, fils de petits paysans, devenu notaire, officiait à Sourdeval, dans la Manche. C’est là que Paul est né, en 1905.  Suivant les traces paternelles il avait fait l’école de notariat de Paris et avait commencé à travailler comme clerc dans l’étude de son beau père, lui aussi notaire, à Saint Lô.
Mais cette vie si étroitement rangée ne lui convenait pas et, s’il n’en dit mot, son organisme réagit bientôt par de fréquents évanouissements. Consulté, le médecin déclara que « ce jeune homme n’était pas fait pour la vie de bureau et devrait vivre « en plein air ».
Le conseil de famille se réunit autour de Paul et de sa jeune épouse pour réfléchir aux issues possibles. On ne sait comment la discussion se termina sur cette conclusion : deux professions permettraient à Paul de vivre au grand air : paysan ou aviateur !
–    Paysan ?  s’exclama Paul. Jamais ! Je serai aviateur.

Paul Legastelois devant son premier Caudron Luciole F-ALSJ en 1932 à occasion de sa participation au second Tour de France des avions de Tourisme ©Legastelois

Nous sommes alors en 1930. Laissant sa famille à Saint Lô, Paul part à Paris où il passe rapidement son brevet de pilote. Ce document en poche, il va trouver René Caudron, l’un des pionniers de l’industrie aéronautique française, pour lui demander une place de pilote-représentant.
« Jeune homme, lui répond Réné Caudron, je veux bien vous embaucher, mais à condition que vous achetiez l’avion avec lequel vous travaillerez … et avec lequel vous vous tuerez certainement ! »

Paul Lagastelois avec une passagère devant son Caudron Luciole F-ALSJ à Lyon-Bron en 1932 ©Legastelois

Accord conclu. Paul emprunte de l’argent à son beau-père, achète un Luciole et bientôt sillonne la France, présentant son biplan dans les meetings aériens. Il manifeste vite de réels talents de vendeur que René Caudron apprécie fort et poursuit jusqu’à la guerre une carrière où se conjuguent commerce et pilotage. Pour le travail et pour le plaisir : Paul participe ainsi en 1932 au deuxième Tour de France des avions de tourisme avec son Caudron Luciole (F-ALSJ) se classant à la 22 ème place sur les 47 concurrents classés à l’arrivée, 14 ayant terminé 1er ex-aequo, puis au Rallye du Hoggar en 1938 aux commandes d’un Farman 403 (F-ANPX). 
Une panne de moteur le contraint à l’abandon à In Salah.

Paul Legastelois en panne à In Salah avec son Farman 403 F-ANPX ©Legastelois

En 1939, mobilisé dans l’armée de l’air comme pilote-instructeur, Paul est affecté à la base aérienne de Caen. La naissance de son quatrième enfant le rend à la vie civile quelques mois plus tard.Il n’est plus question de vendre des avions de tourisme pendant la guerre. Paul monte un garage où l’on adapte les voitures au gazogène. Mais dès 1945, il retrouve le milieu de l’aviation et crée à Neuilly l’Agence aéronautique Legastelois, qui vend des avions de tourisme, puis de transport, et la société « Tout pour l’avion » qui fournit à ses clients des pièces détachées. C’est l’époque où la SCAN lance sur le marché le Norécrin un petit bijou dont Paul devient vite le vendeur quasi exclusif. Il en expose un exemplaire au premier salon de l’aviation de l’après guerre qui se tient sous la coupole du Grand Palais à Paris en novembre 1946.

Les Norécrins réunis à Tunis lors de la croisière bleue de 1948 ©Anseaume

En 1948, pour promouvoir ce si joli monoplan à aile basse et train rentrant, il organise, avec le soutien de la SNCAN, La « Croisière bleue » : 22 Norécrins font le tour de la Méditerranée : Toussus-le-Noble, Naples- Tunis- Bône – Alger – Boufarik – Oran – Rabat – Marrakech – Agadir – Casablanca – Tanger – Porto – Biarritz – Tours Toussus-le-Noble.

Paul Legastelois est alors président de la chambre de commerce de l’aéronautique.

Avec la période de l’après guerre le marché de l’aviation connaît un développement considérable. Pour monter leur flotte, les nombreuses compagnies qui se créent dans toute l’Europe et dans les colonies, ont recours au gigantesque marché d’appareils d’occasion né des surplus militaires. « Tout pour l’avion » devient bientôt « Centravia ». Installée cité Canrobert, dans le 15è arrondissement de Paris, la société dispose d’un entrepôt sous douane pour les pièces de rechange. Quand à l’agence aéronautique Legastelois, elle ne vend plus seulement des Norécrins et autres appareils de tourisme, mais des Dragons rapides Dehavilland, et bientôt des Douglas DC3 « Dakota », voire même un DC4 que Paul va acheter aux Etats-Unis pour le compte d’un client.  L’agence est le représentant en France du constructeur britannique Auster.

La guerre d’Indochine a créé un nouveau marché. L’armée de l’air y est en effet peu présente et les missions de ravitaillement des postes isolés sont confiées à diverses petites compagnies civiles. Le Dakota est l’avion idéal.  Paul fait, à l’époque, de fréquents séjours à Saïgon. La compagnie Aigle Azur est l’un de ses principaux clients.

A Paris, l’Agence et la société Centravia connaissent des années prospères. Paul emploie une dizaine de collaborateurs, dont une femme extraordinaire : Miss Roy Mary Sharpe, squadron leader dans la RAF pendant la guerre.

La fin de la guerre d’Indochine, puis l’indépendance de l’Algérie sonneront le glas de ce flux commercial. Dans le même temps, les grandes compagnies se sont développées au détriment des petites. Elles achètent désormais de plus en plus d’appareils neufs. En 1958 Paul dissout la société Centravia et, peu après, met fin aux activités de l’agence. Il s’installe dans les Alpes Maritimes où il entame une carrière d’agent et de promoteur immobilier.

De L’accident qu’il eu avec son Caudron Luciole, Paul Legastelois s’en tirera juste avec le nez cassé ©Legastelois

La page de l’aviation est alors tournée pour Paul Legastelois, mais elle n’est certes pas effacée de la mémoire de ses enfants. Comment, en effet, oublier le plaisir de ces dimanches passés  au bord de la piste, à Toussus-le-Noble ou Guyancourt, les salons de l’aviation du Bourget, le baptême de l’Air donné par son propre père, les récits de vols passionnants, voire d’accidents dont Paul eut la chance de se tirer sans autres conséquence qu’un nez cassé … « J’ai la baraka » disait-il en évoquant aussi ces deux avions de ligne qui s’écrasèrent et dans lesquels il aurait dû se trouver si un imprévu ne lui avait fait manquer le départ.

Paul Legastelois est mort, à Vence, le 24 décembre 1977.

Jean Legastelois

Le Cahier des As Oubliés de 14-18 N°3 : L’aviation aux manoeuvres d’avant Guerre. 1910-1913

Après le Cahier des As Oubliés de 14-18 N°1  » Le concours d’aviation militaire de 1911«  et le N°2 « Donnez des aéroplanes à La France. 1912-1913 » parus en 2012, le N° 3 « L’aviation aux manœuvres d’avant-guerre. 1910-1913 » est désormais disponible.
Viendront ensuite le n°4 « 1914 : L’aviation entre en guerre » et le n°5 « Célestin Pégoud, « Roi du ciel » et Premier AS »
Ces cahiers sont édités trois fois par an complémentairement au site internet  :  http://www.asoublies1418.fr
Vous pouvez commander chacun des 5 numéros au tarif de 15 euros port compris (France métropolitaine) auprès de Claude Thollon-Pommerol . 
Quatre pages de chaque numéro et le bulletin de commande sont disponible sur le site les « As » oubliés de 14-18. Histoire de l’aviation française de la 1ere guerre mondiale : http://www.asoublies1418.fr 
Le N°3 comporte 78 pages, 21 x 29,7 cm, 75 illustrations
Offset, dos carré cousu, couverture souple pelliculée couleur.

Table des matières du cahier n°3 : 
Premiers avions militaires

60’000 hommes et quelques aéroplanes aux manœuvres de Picardie

Le circuit européen comme champ de manœuvre

Manœuvres de l’Est et des Ardennes
Aviation de combat

L’aéroplane d’artillerie: les expériences

Manœuvres de l’Ouest, septembre 1912

La revue après les manœuvres

Les aéroplanes aux grandes manœuvres de cavalerie

Septembre 1913 Grandes manœuvres du Sud-Ouest


Meilleurs voeux pour l’année 2013

Vol Roissy-Toulouse du 7 janvier 2013 ©Xavier Cotton

Par cette photo prise en vol à l’aide d’un smartphone en mode avion, je tiens à vous présenter mes vœux aéronautique pour cette année 2013.


Serge Maigrot s’est envolé pour toujours

Serge Maigrot et son Tiger Moth F-AZTM 05 juillet 2004 © XAvier Cotton

Je viens d’apprendre une bien triste nouvelle, Serge Maigrot (83 ans) nous a brutalement quitté en cette fin d’année. Toute personne ayant croisé Serge au moins une fois dans sa vie, ne pourra jamais oublier cette figure rémoise du monde de l’aéronautique. Quand vous le rencontriez sur l’aérodrome de Reims-Prunay où il venait encore régulièrement, ce pilote toujours souriant aux 16 000 heures de vol savait rester modeste et n’était jamais avare d’une bonne blague. Ancien pilote professionnel d’avion et d’hélicoptère (SAMU), mais aussi instructeur et amateur d’avions de collection, il prenait plaisir à discuter avec vous d’anecdotes aéronautiques, mais aussi de son De Havilland Tiger Moth  (F-AZTM) qui fut un temps le seul en état de vol en France. Son épouse Marie France et lui avaient restauré ce DH-82 dans un grand soucis d’authenticité, avec notamment un moteur qui se lance  toujours à la main. Il souhaitait que ce Tiger Moth (F-AZTM) ayant servi d’avion d’entraînement dans la Royal Air Force de 1942 à 1946 reste aux normes anglaises de l’époque : ni roulette de queue, ni freins.

Tous ses amis sont dans la peine et pensent à Marie-France.  

Un dernier hommage sera rendu à Serge mercredi 2 janvier à 14 heures en l’église de Cernay-lès-Reims.  

« Un pilote ne meurt jamais, il s’envole juste et ne revient pas« 
Antoine de Saint-Exupéry  


Georges Rollin ingénieur de recherche et le Laté 631

Laté 631 ©Philippe Rollin

Un grand merci à Philippe ROLLIN qui nous  fait partager des extraits des mémoires de son père en tant qu’ingénieur aéronautique :

Georges ROLLIN (4 juillet 1915-13 juillet 2001) a fait toute sa carrière d’ingénieur dans l’aéronautique, depuis sa sortie de l’école en 1935 – période des balbutiements de la mesure – jusqu’à sa retraite en 1980.  C’est à l’ONERA qu’il a terminé sa vie professionnelle comme spécialiste des mesures, responsable des installations et équipements de l’Aérodynamique à CHALAIS MEUDON de 1972 à 1980.

En 1994, il a entrepris la rédaction des ses mémoires, s’étant mis à près de 80 ans à l’utilisation de l’ordinateur. Ces mémoires, terminés en 1998, comportent une part de souvenirs personnels, de commentaires sur l’évolution des techniques montrant son esprit toujours curieux mais logique et critique, et d’interrogations que se pose tout homme au terme de sa vie. Le texte est également émaillé d’anecdotes humoristiques. En voici un premier extrait qui se situe juste après guerre.

 

 

Georges Rollin

Le Latécoère 631 à Biscarrosse .
    Assemblage  et  mise  au  point  .

Juste avant la guerre, l’industrie aéronautique française a eu l’ambition de construire les plus gros hydravions : 6 moteurs , 50 m. d’envergure , 70 tonnes. La réalisation en a été confiée, d’une part à la SNCASO à Marignane et d’autre part à LATECOERE, dirigé par M. Moine.
Plusieurs prototypes ont été réalisés, mais, à la fin de la guerre il ne restait plus qu’un SO 200 à Marignane que les allemands ont enlevé et coulé dans le lac de Constance à Friedrichshafen, et le LATE 631 « Lionel de Marmier »(1) en construction à Toulouse d’où il a été transféré en pièces détachées, par la route, à Biscarrosse à la fin de la guerre .

Le G.R.A. (Groupement français pour le développement des Recherches Aéronautiques) a obtenu que nous participions aux vols de mise au point pour effectuer nos propres recherches. Ce travail m’a été confié et j’ai déplacé en permanence à Biscarrosse une équipe de trois techniciens pour effectuer les équipements nécessaires. Nous avons donc assisté à l’arrivée des différents éléments, ce qui représentait un certain nombre de convois hors normes, notamment la coque en plusieurs morceaux et les ailes pour lesquelles il fallait déplacer des lignes électriques et téléphoniques et élargir des ponts, et assisté également au montage dans le hangar des Hourtiquets .
Les éléments de la coque arrivant en premier devaient être assemblés sur un berceau avant que les ailes ne parviennent . Le hangar des Hourtiquets avait 100 m. d’ouverture face à l’étang, séparé en deux par un pylône limitant les ouvertures effectives à 50 m. Le « spécialiste » du montage fit installer la coque approximativement au milieu d’une des travées et la première aile (la droite) arrivée fut montée et assemblée, soutenue par des berceaux du côté libre du hangar,  si bien que lorsque la deuxième aile arriva, il fut impossible de la monter car elle aurait dépassé de 1,50 m. la paroi . Comme il était impossible de déplacer la coque et son unique aile en porte-à-faux , le chef décida de couper 2 m. de l’extrémité de l’aile, en se contentant d’envoyer au bureau d’études de Toulouse un télégramme: « Avons coupé 2 m. de l’aile gauche, prière d’envoyer plan de raccordement ». Ce qui a posé des problèmes notamment pour l’équilibrage. L’assemblage des éléments a finalement été achevé et l’avion, recentré dans le hangar, avait belle allure, mais un soi-disant responsable s’est quand même inquiété de l’allure avec laquelle ce travail avait été effectué, ce qui a fait découvrir que le riveteur, pour se faciliter le travail, n’avait pas utilisé les rivets prévus spécialement traités envoyés de Toulouse, mais avait préféré des rivets mous découverts par hasard dans un magasin local. Ces rivets n’ayant pas la résistance voulue, il n’y avait plus qu’une solution, les faire sauter à la perceuse et repartir à zéro. Les retards commençaient ainsi à s’accumuler .
C’est alors que commença le travail d’équipement intérieur et surtout l’équipement technique, c’est à dire les liaisons du poste de pilotage à tous les organes et principalement aux six moteurs.

Georges Rollin (3 ème en partant de la gauche) lors de l’installation de l’explorateur de couche limite. ©Philippe Rollin

Les nacelles  des moteurs et les moteurs eux-mêmes étaient accessibles par un tunnel formé par la paroi du bord d’attaque et le longeron de l’aile, un chariot sur rails était prévu pour le déplacement du personnel jusqu’au droit du troisième moteur et même au delà où la section était encore suffisante pour le passage d’un homme allongé et les bras en avant pour effectuer certains travaux ; c’est ce moyen que nous avons utilisé pour l’équipement en prises de pression vers l’extrémité de l’aile, grâce au dévouement d’un technicien longiligne spécialement entraîné. Il était relié par un câble au responsable de l’opération qui rappelait de toute urgence le chariot et son collègue en cas de nécessité.

Le fonctionnement et le contrôle des moteurs demandaient trois types d’équipements : un équipement tubulaire pour l’alimentation en carburant et le contrôle de certaines pressions, un équipement mécanique « commandes Jacoté » actionnant notamment les accélérateurs, un équipement électrique pour la commande et le contrôle de nombreuses fonctions ; d’où l’intervention de trois entreprises extérieures auprès desquelles  les marchés avaient été passés. Il était prévu par le Bureau d’études Latécoère que ces équipements soient fixés sur la face frontale du longeron avant de l’aile, ce qui laissait libre passage au chariot.

Les trois équipes d’installateurs se sont présentées les unes après les autres sans avoir de contacts entre elles et sans surveillance d’un responsable local. L’équipe d’électriciens fit aisément son travail, mais la seconde chargée du montage des commandes trouvant que l’emplacement occupé par les lignes électriques lui était préférable prit la liberté de les enlever pour s’installer à leur place.

La troisième équipe chargée des tubulures agissant de même, on ne s’aperçut du désastre qu’au moment où les mécaniciens de la base voulant démarrer les moteurs n’obtinrent aucune réaction . Le travail a donc été repris en exigeant la présence simultanée des trois équipes.

Comme les retards s’accumulaient, je ne venais personnellement à Biscarrosse que tous les quinze jours pour m’assurer de l’avancement du montage de nos équipements de mesure et limiter le nombre de techniciens au strict nécessaire. C’est alors que je m’aperçus que l’avion changeait de couleur à chacun de mes passages : blanc-bleu-vert-rouge-métallisé, puis de nouveau blanc…..Je me suis alors risqué, sur la pointe des pieds, à demander au responsable du chantier quand il serait fixé sur la couleur de l’appareil. Ma question le laissa perplexe, mais il se décida quand même à voir le peintre qui candidement lui fit remarquer qu’il était peintre et que son métier était de peindre. Comme il disposait de bidons de 200 litres de couleurs les plus variées, il en était à sa 7 ème couche, ce qui représentait en gros 700 kg de peinture, c’est à dire le poids d’une dizaine de passagers. Il reçut l’ordre de tout gratter et on ne laissa à sa disposition qu’un bidon de la couleur choisie.

Sonde de référence en bout d’aile du Laté 631 ©Philippe Rollin

La possibilité d’un premier vol est enfin apparue. De notre côté nos équipements étaient en place :
– Anémoclinomètre(2) sur une perche en bout d’aile,
– Ceinture de prises de pression à la paroi dans une section d’aile choisie pour sa pureté,
– Double peigne rotatif de sillage monté à l’extrémité d’un mât fixé sur l’extrados,
– Double grappin de prises de pression pour les mesures à différentes altitudes dans la couche limite, ce dispositif étant constitué de deux peignes de prises de pression fixés à l’extrémité d’un bras monté sur un chariot central parcourant le profil de l’aile dans une zone choisie.Ces dispositifs étaient motorisés et toutes les télécommandes ainsi que les informations électriques et pneumatiques étaient centralisées au poste de commande installé à l’intérieur de l’aile au voisinage de l’emplanture, ce qui donne une idée de la dimension de l’hydravion. Tous les enregistreurs photographiques étaient également concentrés à cet endroit relié téléphoniquement au poste du chef des opérations situé près du pilote ; ce qui permettait de déclencher les mesures  pour des configurations de vol choisies au départ.

Fonctionnant sur le 24 volts continu de bord, nos équipements furent rapidement accusés d’introduire des masses intempestives qui gênaient le pilotage. Aussi, pour couper court à toute contestation, j’ai installé une alimentation indépendante constituée par une génératrice 24 volts entraînée par un moteur 24 volts qui seul était en liaison avec le circuit de bord et donc facile à contrôler.

Toutes les pressions des différents peignes étaient mesurées en différentiel avec la pression statique  fournie par l’anémoclinomètre(2) préalablement taré. Désirant vérifier ce tarage par rapport à la pression statique vraie du lieu du vol, j’avais prévu de larguer sous l’avion une sonde : imaginez une bombe munie d’ailettes stabilisatrices, prolongée à l’avant par une sonde de pression statique et suspendue en son centre de gravité à un mât articulé relié à un câble associé à un tube de renvoi de la pression, câble commandé par un treuil. Cette sonde, au départ, était solidaire d’un mât berceau dépassant à l’extrémité de la queue  par l’écubier arrière. Malheureusement lorsque j’ai largué la sonde, elle fut prise dans le tourbillon des hélices, et la voyant décrire de grands cercles au voisinage de l’empennage et risquant de le percuter, j’ai cisaillé le câble libérant la sonde qui est allé se planter quelque part dans le terrain de Cazau que nous survolions. Je n’en ai jamais entendu parler…donc tout s’est bien passé .

Nous avons participé à tous les vols de mise au point. Je me tenais généralement dans le vaste salon derrière le poste à double commande de pilotage, salon largement vitré pour admirer le paysage dans tous les azimuts. Nous parcourions en général le littoral de l’Espagne à la Gironde à différentes altitudes, ce qui nous permettait de suivre le travail de déminage des plages, et nous avons terminé par un vol de longue durée (6 heures) au cours duquel j’ai pu admirer la Bretagne comme sur une carte Michelin à 3000 m. au dessus de Rennes.

Des incidents, nous en avons eu, j’en évoquerais deux :
Le premier fut une panne de servocommande, c’est à dire que tout l’effort de manœuvre du manche à balai et du palonnier est à la charge du pilote ; j’ai vu alors le pilote et le copilote crispés sur les commandes, la figure congestionnée et ruisselante de sueur, les muscles bandés jusqu’à l’amerrissage.
Le second a eu lieu lors d’un décollage raté à pleine charge où l’avion s’est trouvé au départ au 2ème régime, c’est dire très cabré et ne pouvant que péniblement prendre de la vitesse et de l’altitude. La dimension de l’étang étant réduite, il n’était pas question de virer et de se poser ; il fallait à tout prix atteindre la mer. Seulement entre l’étang et la mer il y a une dune boisée d’une certaine hauteur qu’il fallait franchir. J’ai vu alors le « magnifique » spectacle des sommets des pins s’écartant devant la coque  et se faisant déchiqueter par les hélices. L’océan a pu être atteint et le pilote a pu piquer et repasser au 1er régime.

Comme tout a une fin, lorsque la moisson de mesures a été jugée suffisante, nous avons abandonné les essais (le dernier vol ayant eu lieu le 31-01-1947) et, après avoir déséquipé l’hydravion, nous avons regagné Toulouse où nous attendait le transfert du G.R.A. à l’ONERA à Paris . C’est donc dans le cadre de l’ONERA que le dépouillement des enregistrements a été effectué.
Ces vols ont été très enrichissants pour toute mon équipe et pour moi-même et ont laissé  des souvenirs souvent évoqués . Malheureusement, quelque temps plus tard, à la suite d’un blocage de gouverne, ce bel avion s’est abîmé dans les flots avec tout l’équipage qui nous était cher, sauf  notre pilote appelé à d’autres fonctions dans la Marine .

Pourtant cet appareil était d’une robustesse à toute épreuve, quand on pense que sur l’exemplaire précédent, le pilote ayant demandé à un mécanicien de s’assurer de la réserve de carburant restant dans la soute, celui-ci a déboulonné le couvercle et allumé son briquet pour mieux voir le niveau : l’explosion qui s’ensuivit  détruisit tout l’aménagement intérieur et gonfla la coque…mais le pilote  réussit à amerrir.

Pour conclure sur une note plus gaie, je dois avouer que cet hydravion aux lignes magnifiques étudiées dans les moindres détails en soufflerie comportait un grosse erreur sur un point d’aérodynamique …..l’étude des W-C.. . Comme cet appareil était destiné à voler au dessus de l’eau et à une altitude de 3000 m. environ, il n’était  pas venu aux ingénieurs l’idée de procéder à la mise en réserve des produits récoltés dans ces W-C. comme on le fait actuellement sur les avions de ligne. Il était plus simple d’opérer une évacuation immédiate vers l’extérieur au delà du 2ème redan .
Le siège du cabinet comportait une ouverture circulaire confortable se prolongeant jusqu’à sa sortie de la coque par une tubulure conique d’un mètre de long environ, constituant sans le savoir une soufflerie du type vertical utilisée pour l’étude de la vrille des avions sur maquette en vol libre. Dans cette soufflerie, la vitesse de l’air dirigé de bas en haut diminue avec l’altitude, si bien que si la maquette descend dans le tube, elle rencontre un air à vitesse supérieure qui la ramène à la position d’équilibre initiale. Il en est de même dans la tubulure du W-C., la pression intérieure de la cabine inférieure à la pression atmosphérique extérieure provoque un écoulement vertical de bas en haut dont la vitesse est modulée par l’obstruction plus ou moins importante de l’orifice supérieur. Cette circulation d’air frais est d’ailleurs particulièrement appréciée en été. Vous apercevez donc que les produits déposés tombent jusqu’à une position d’équilibre dans le courant ascendant. Mais lorsque vous libérez l’orifice, l’appel d’air est tel que les produits sont violemment projetés vers le haut et vous atteignent en pleine « figure », ce qui est vraiment désagréable. Toutefois cet effet est variable car il dépend de la densité et de la fluidité des produits déposés.
Cette situation n’avait pas échappé à mes techniciens. L’un d’eux, particulièrement facétieux (il a même terminé sa carrière auprès de De Funès pour la mise au point de ses gags) avait mis au point une technique infaillible pour piéger le premier utilisateur venu ; en dégageant légèrement le couvercle de fermeture, il introduisait une certaine quantité de liquide, de l’eau propre en principe, qui restait alors en suspension. Le premier client soulevant brusquement le couvercle recevait cette eau  » en pleine poire ». Il ne restait plus qu’à attendre la fin des opérations pour  jouir discrètement de l’air ahuri de l’utilisateur piégé, se demandant comment les embruns de la mer survolée avaient pu parvenir jusqu’à lui….il aurait pu se rendre compte que l’eau reçue n’était pas salée.

(1) Le LATE 631 « Lionel de Marmier » n°2 immatriculé F-BANT  effectua son 1er vol le 19 mars 1945. Il est reçu par Air France fin juillet et débute sur la ligne de Dakar. Il part ensuite en Amérique du Sud où il fait des démonstrations de prestige. Le 31 octobre 1945, les pales d’une hélice se détachent et tuent 2 passagers en traversant le fuselage, l’appareil réussit à se poser et, et une fois réparé, regagne la France.
Suite à une demande faite au centre de documentation du musée de l »hydravion de Biscarosse concernant la date du ferraillage du Laté 631 n°2 immatriculé F-BANT, celui ci m’a fait parvenir un extrait d’un rapport de l’inspection générale de l’aviation civile daté du 13 avril 1959 faisant un état des lieux de l’hydrobase de Biscarrosse-Hourtiquets. Il y est fait mention de l’occupation d’un des hangars par un Laté 631 de France hydro. Il ne peut s’agir que du F-BANT qui devait être transformé en cargo comme le F-BDRE accidenté en 1955 au Cameroun.
C’est le seul document de leurs dossiers certifiant la présence de l’appareil aux Hourtiquets en 1959.
Un ancien du CEV ayant séjourné aux Hourtiquets au début du changement d’affectation du site pour le CEL se souvient très bien de la présence de l’appareil en 1963, ce qui serait confirmé par le registre de la DGAC qui indique que le « Lionel de Marmier » dernier survivant des 12 LATÉ 631 a été réformé le 30 octobre 1964.

Sonde de l’anémoclinomètre

(2) L’Anémoclinomètre est un appareillage de détermination des composantes du vecteur vent en un point d’un écoulement gazeux à partir de mesures de pression (statique et différentielles) effectuées par une sonde à tête sphérique (sphère  ou sonde cylindro- sphérique pour avion). Associé à un enregistreur rapide, ce dispositif permet d’analyser les turbulences et d’optimiser les profils aérodynamiques.

Pour compléter ce texte, je vous recommande ce diaporama très riche en image et qui résume l’histoire de cet hydravion géant « LATECOERE 631 Le géant des airs »
Vous pouvez voir les derniers vestiges (fauteuil, hublots, lavabo, hélices, etc) des LATE 631 au musée de l’hydraviation de Biscarosse .

Sources des informations :
Georges Rollin
Docavia n°34 « Latécoère, les avions et hydravions » de Jean Cuny :
Le Fana de l’Aviation « Laté 631 La malchance » n°393 août 2002 au n°397 décembre 2002
Association P.-G Latécoère : http://www.latecoere.com/
Pionnair-GE : http://www.pionnair-ge.com/spip1/spip.php?article61
Le musée de L’hydraviation : http://www.hydravions-biscarrosse.com/002-musee/musee-accueil.php


Une plaque dévoilée à la mémoire du commandant Marin la Meslée, parrain de l’ancienne BA 112 de Reims

Le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’Armée de l’air, Jacques Cohen, adjoint à la maire de Reims et Catherine Douady, troisième enfant du commandant Marin la Meslée, devant la plaque de granit dévoilée.   ©Frédéric Lafarge

Le samedi 15 décembre 2012, à 10h30, face au n° 9 de la rue Guillaume-de-Machault à Reims (à côté de l’office de tourisme et à deux pas de la cathédrale Notre-Dame), a été dévoilée une plaque gravée à la mémoire du commandant Edmond Marin la Meslée (1912-1945), parrain de l’ancienne base aérienne 112 de Reims (à partir de 1953, et jusqu’à sa dissolution le 30 juin 2011), ceci dans le contexte de la célébration du centenaire de la naissance de cet aviateur, as des as de la campagne de France 1939-1940 (avec vingt victoires aériennes, dont seize homologuées).
Organisée au pied de l’immeuble dans lequel il résida avec sa famille à l’époque de son affectation sur la BA 112 (soit de 1937 à 1940) à l’initiative de l’association Edmond Marin la Meslée (créée début 2011 pour sauvegarder et promouvoir le patrimoine aéronautique de Reims et sa région, berceau mondial de l’aviation civile et militaire) avec le soutien du secteur 170 « Marne-Ardenne » de l’Association nationale des officiers de réserve de l’Armée de l’air (ANORAA) présidé par le capitaine de réserve Laurent Marchwant, cette cérémonie s’est déroulée avec la participation de nombreuses personnalités, en particulier en présence du général d’armée aérienne Denis Mercier, chef d’état-major de l’Armée de l’air (et ancien commandant de la base aérienne 112, qu’il dirigea de 2002 à 2004) et de Michel Bernard, sous-préfet de Reims.
Plaque commémorative dévoilé à Reims le samedi 15 décembre 2012 en l’honneur du Commandant Edmond Marin la Meslée ©Frédéric Lafarge
Ont également assisté à cet hommage de très nombreux descendants du commandant Marin la Meslée, en particulier sa fille Catherine (le troisième de ses enfants) ainsi que Clara de Montesquieu (l’une de ses petites-filles) qui, avec le général Denis Mercier et Jacques Cohen, adjoint à la maire de Reims, ont procédé au dévoilement de la plaque de granit gravée de lettres d’or (avec inscription en français mais également en anglais). Y ont aussi participé plusieurs officiers de l’escadron de chasse 2/3 « Champagne » (dont le lieutenant-colonel Yannick Desbois, commandant en second de cette formation), unité qui, stationnée depuis 1967 sur la base aérienne 133 de Nancy et aujourd’hui dotée de Mirage 2000D, est l’héritière des traditions de l’ancien groupe de chasse I/5 de Reims au sein duquel Edmond Marin la Meslée fut affecté en 1937 et qu’il commandait au moment de sa mort.
Cette cérémonie a été présentée par Frédéric Lafarge, ancien chargé de relations publiques de la base aérienne 112 et conservateur du musée de la BA 112 et de l’aéronautique locale, par ailleurs initiateur de ce projet de plaque commémorative, qui en a rappelé les raisons et aussi les enjeux : « Reims, où la mémoire du commandant Marin la Meslée n’est pas moins vivante qu’à Colmar, Nancy, Valenciennes et Audresselles, disposera elle aussi, désormais, de sa propre plaque Marin la Meslée. » Après le dévoilement de la plaque à proprement parler, une minute de silence et La Marseillaise entonnée par l’assistance, diverses allocutions ont été prononcées à l’intérieur de l’office de tourisme, dans la salle du Trésor, à commencer par celle d’Hervé Chabaud, président de l’association Edmond Marin la Meslée, qui l’a débutée par ces mots : « En cette année du centenaire de la naissance du commandement Edmond Marin la Meslée, ce temps mémoriel illustre la puissance des traditions, l’intensité de la filiation, l’exemplarité du lien unissant les armées à la Nation. »
Dans la salle du Trésor de l’office de tourisme, pendant l’allocution prononcée par le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’Armée de l’air.  ©Frédéric Lafarge
Puis Clara de Montesquieu, Bernard Mary, président de l’office de tourisme de Reims, le général Denis Mercier et Michel Bernard se sont exprimés. « C’est pour moi une véritable satisfaction de voir rassembler autour de la figure de Marin la Meslée autant de personnalités et de personnes. Tout le mérite en revient aux représentants d’associations qui, par leur dévouement sincère et désintéressé, contribuent à maintenir la mémoire de ce héros de notre aviation militaire, mais aussi de celle de la  présence de l’armée de l’air ici. » a notamment déclaré le général Mercier dans son discours.

Fréderic LAFARGE


Solar Impulse va survoler les Etats-Unis en 2013

En 2012 Solar Impulse (HB-SIA) a réalisé le premier vol intercontinental, entre l’Europe et l’Afrique, entièrement effectué grâce à l’énergie solaire. Ce qui lui a permis de faire enregistrer par la FAI  (Fédération Aéronautique Internationale), deux records du monde de distance dans la catégorie « avion solaire ».
Sur l’invitation du roi Mohammed VI, Solar Impulse a traversé le détroit de Gibraltar et gagné le ciel marocain pour jouer un rôle de porte-parole à l’occasion de la construction à Ouarzazate de la plus grande centrale thermo-solaire au monde.

En 2013, l’équipe de Solar impulse dirigée par le chercheur et pionnier de l’aviation solaire Bertrand Piccard envisage d’emmener le HB-SIA sur la terre des pionniers de l’aviation, les États-Unis. Une fois sur place, le HB-SIA entreprendra un vol reliant la Côte ouest à la Côte est, de San Francisco à New York. Le périple serait réalisé en quatre étapes à la vitesse de 70 km/h sur une période d’environ deux mois durant l’été prochain. Mardi 11 décembre les pilotes de Solar Impulse, Bertrand Piccard et André Borschberg ont été reçus par le consul général suisse François Barras à New York, à qui ils ont présenté leur projet.

La mise au point du second appareil HB-SIB pose quelques problèmes, mais on peut comprendre qu’un projet d’une telle envergure n’est pas simple à réaliser. Le HB-SIA a prouvé qu’il pouvait tenir plus de 24 heures en l’air. Pour pouvoir traverser l’Atlantique André Borschberg explique que ce second appareil devra être capable de voler pendant six jours tout en accordant des phases de sommeil et de repos à ses pilotes.

Sources des informations :
Solar Impulse : http://www.solarimpulse.com


Exposition Romain Hugault chez Artludik

Romain Hugault
Galerie Arludik
du 02 au 26 janvier 2013

A l’instar des avions qu’il pilote depuis l’âge de 17 ans, les albums de Romain Hugault ont décollé vers des sommets de qualité et de succès qui ont fait de l’artiste un des préférés du grand public. “Le dernier Envol”, “Le Grand Duc” ou encore “Le Pilote à l’Edelweiss” sont des albums qui malgré la jeunesse de son auteur compte désormais parmi les “classiques de la BD”. Alliant le design le plus précis, le soucis du détail authentique à la sensibilité du trait et des couleurs, Romain Hugault (http://romain-hugault.blogspot.fr) a imposé un style qui est déjà une référence. La galerie Arludik est très fière pour son premier vernissage de 2013 d’accueillir une exposition exceptionnelle de planches originales, dessins à l’encre de chine, toiles numériques uniques réalisées par l’artiste. Le vernissage de cette exposition aura lieu le jeudi 3 janvier de 18h30 à 21h30.
Source des informations :

Galerie Arludik
12-14 rue Saint-Louis en L’ile 75004 Paris
Tel: 01 43 26 19 22 
contact@arludik.com


Ventes aux enchères chez Artcurial le 17 février

VENTE AUX ENCHÈRES AÉRONAUTIQUE
Dimanche 17 février 2013 à 11H et 14H
exposition – 7, rond-point des champs Élysées – 75008 PARIS


DÉCOLLAGE IMMÉDIAT chez artcurial!

Avec une vente de prestige organisée chaque année, le savoir-faire de la maison Artcurial Briest-Poulain-F.Tajan s’est imposé comme référent européen dans ce domaine.
Le dimanche 17 février 2013, Artcurial propose une vente aux enchères Aéronautique avec plus de 500 lots inscrits au catalogue, parmi lesquels, un avion de chasse biplace VAMPIRE datant de 1959 estimé entre 70 000 et 90 000 euros. Cet avion de légende fut conçu en Angleterre, pour mettre en échec les Messerschmit à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Produit à 4500 exemplaires, il équipa les forces aériennes d’une quinzaine de pays compte-tenu de sa robustesse, fiabilité et maniabilité, avec une vitesse en vol allant jusqu’à 750 km/h. Aujourd’hui, il ne reste plus que quelques exemplaires en mains privées et immatriculés en avion de collection.
Tous les passionnés d’aviation pourront également apprécier un hélicoptère ALOUETTE III datant des années 60-70, estimé entre 30 000 et 40 000 euros, et qui sera exposé dans la cour de la maison Artcurial plusieurs jours avant la vente.
Quand l’aéronautique rejoint la science-fiction!
Les amateurs de science-fiction ne seront pas en reste. Un elément de décor créé pour le film américain Prometheus, produit et réalisé par Ridley Scott en 2012, sera mis aux enchères.
Ce sera aussi l’occasion de présenter des pièces détachées d’avions de chasse, des pièces du Concorde,  maquettes d’agences, instruments de bord, photographies d’époque, mascottes, livres et affiches, ainsi que du mobilier issu du design aéronautique.
Toutes ces pièces représentent l’âge d’or de l’aéronautique anglaise et française. Cette vacation passe en revue plusieurs périodes importantes de l’histoire de l’aviation de 1935 aux années 2000, et plus particulièrement
ces années pendant lesquelles l’homme a tenté de battre tous les records de vitesse et a franchi le mur du son!

MAX-HOLSTE MH-1521 BROUSSARD
Élément de capot moteur avant,
transformé en table basse
Alliage spécifique aéronautique et verre
180 x 170 cm
Estimation : 9 000 – 10 000 €

HENRI DE VOS ( ?-1979)
Sujet de manège, avion bi-place, 1930
Bois et métal polychrome
H. 64 x L. 170 x l. 100 cm
La contribution d’Henri de Vos au développement des Arts
Forains fut conséquente. Entre autres, il est connu pou
la création des ses « aéroports », circuits d’avions avec
relevage et oscillation automatiques.
Estimation : 3 500 – 4 500 €
AGNÈS CRÉPIN POUR AERODESIGN« Objectif Mars »
Réservoir de Mirage III
Alliage aéronautique spécifique
H. 230 cm, Envergure 110 cm
Estimation : 1 800 – 2 200 €
CONCORDE , MAQUETTE D’AGENCE
Au 1/24ème, modèle prototype
Livrée Air France ajoutée postérieurement sur socle
L. 230 cm, Envergure 100 cm
Estimation : 5 000 – 6 000 €
SUD AVIATION, ALOUETTE III
Entre 1962 et 1974, motorisation Artouste III B Turbomeca, livrée de l’Irish Air Corps
Diamètre du rotor 11,50 m
Longueur 10,03 m, Hauteur 3,09 m
Vitesse maximale 210 km/h, Plafond 3 200 m
Vitesse ascensionnelle 258m/s.
Rayon d’action 540 km
Vendu en position statique
Estimation : 30 000 – 40 000 €
VAMPIRE , DE HAVILLAND DH 115, 1959

Véritable légende de l’aviation militaire, immatriculé en avion de collection et livré en état de vol puisqu’il participe à des meetings aériens. Ces modèles biplaces permettent à un pilote de s’habituer à la vitesse de cet avion de chasse subsonique qui vole à 750 km/h (Mach 0,7). Vendu avec un moteur Rolls Royce Goblin 35B de rechange ainsi qu’une tenue de vol anti G, deux sièges éjectables Martin Baker MK3, et diverses pièces détachées assurant de nombreuses heures de vol.

Provenance : Forces aériennes suisses
Estimation : 70 000 – 90 000 €

SNCASO, RARE MAQUETTE DE L’ESPADON, vers 1948
Métal. Longueur 218 cm

Construit par la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Sud Ouest, son vol inaugural eut lieu le 12 novembre 1948. Trois prototypes seulement furent produits et exclusivement pour l’Armée de l’Air française, dont le dernier avec une modification de carburant. Prouesse technique, sa motorisation conçue par Rolls Royce, alliait dans une propulsion mixte, un réacteur et un moteur fusée. Il n’avait pas d’entrée d’air centrale mais deux ouies placées sous son fuselage. Premier avion de chasse français à franchir le mur du son, avec à ses commandes André Turcat, le 15 décembre 1953, il fut utilisé pendant six ans pour des vols d’essai supersoniques. Sa renommée fut telle que l’auteur belge de bandes dessinées, Edgar P. Jacobs, utilisa son nom, pour l’avion héros de sa série Blake et Mortimer, « Le Secret de l’Espadon ».

Estimation : 2 000 – 3 000 €

DASSAULT AVIATION, RAFALE A – DÉMONSTRATEUR TECHNOLOGIQUETrain d’atterrissage, vers 1985
Alliage aéronautique spécifique. Hauteur 320 cm.
Provenance : collection particulière

La crosse d’appontage, la barre de catapultage et le train d’atterrissage renforcé sont spécifiques au Rafale Marine pour pouvoir résister à des vitesses d’appontage de 6,5 m/s et compatibles avec les spécifications américaines. Il a participé avec succès à de nombreux exercices internationaux : Red Flag, ATLC , Tiger Meet… En conséquence il est le seul avion de combat non américain autorisé à opérer à partir des porte-avions US, après que six Rafale de la flottille 12F aient pu s’intégrer sans aucun problème au groupe aérien du porte-avions Theodore Roosevelt dans le cadre de l’exercice JTFEX organisé par l’US Navy.

Estimation : 10 000 – 15 000 €

ÉLÉMENT DE DÉCOR CRÉÉ POUR LE FILM DE SCIENCE-FICTION AMÉRICAIN PROMETHEUS
Produit et réalisé par Ridley Scott en 2012

Le film se déroule à la fin du XXIe siècle et suit l’équipage du vaisseau Prometheus qui part explorer le satellite naturel d’une planète lointaine, indiqué sur des pictogrammes archéologiques ; ils espèrent obtenir des réponses sur les origines de l’humanité mais auront à faire face à un danger qui pourrait mettre en péril toute l’espèce humaine. Le réalisateur a repris le nom donné à un projet au sein de le Nasa. Le rapprochement entre la fiction et la réalité ne s’arrête pas à ce point et touche les effets spéciaux, la structure et la propulsion des navettes spatiales.

Longueur 260 cm, Largeur 130 cm
Estimation : 7 000 – 10 000 €

PHOTOGRAPHIE
Stéphane Fort

« Rabbit Hunter »
Avion Curtiss P-40N Warhawk
140 x 120 cm, tirage sur Dibond
Estimation : 1 800 – 2 000 €
PHOTOGRAPHIE
Catherine Lari

« Navette Atlantis »
60 x 100 cm, tirage sur papier aluminium
Estimation : 600 – 800 €


L’évasion de L’aviateur Victor Ménard par Bruno Baverel

«  Je ne vous parlerai, pour ma part, que de l’impression que nous avons ressentie quand, sur le coup de midi, au-dessus de la vaste campagne où s’entassaient les canons et où s’alignaient les fantassins, un oiseau d’or est arrivé à tire-d’aile, coupant d’un geste de défi le ciel azur. C’était l’adjudant Ménard sur son Blériot ! Il planait par-dessus le grondement des batteries et les évolutions des brigades de cavalerie. Il était à la foi très petit et très grand … »  

C’est par cette introduction (Extrait d’un article paru dans La Petite Gironde pendant la Grande Guerre) que Bruno Baverel publie, dans ce N°20 des Ecrits d’Ouest, (revue publiée par la Société rochelaise d’histoire moderne et contemporaine sur l’histoire, la littérature et l’art de la Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres, la Vendée et la Vienne), L’évasion de l’aviateur Victor Ménard, « As » de la Première guerre mondiale. 

Victor Ménard, en passager pendant le tour de France aérien de 1910. Au volant le capitaine Camine ©gallica.bnf.fr
Après une brève biographie et une partie dédiée à l’épopée des Tours de France aériens d’avant-guerre auxquels notre pilote participa, (Il fut le premier pilote à poser un aéroplane à Rochefort, sa ville natale, à l’occasion du Tour de France aérien de 1911), l’auteur s’attache surtout ici à relater l’histoire de sa rocambolesque évasion du camp de prisonnier d’Ingolstadt en Allemagne, en 1916.

En effet, à l’entrée en guerre de la France, Victor Ménard, détenteur d’un brevet de  pilote depuis 1910 après avoir débuté en tant que mécanicien sur ballons dirigeables, est naturellement affecté en tant que lieutenant-pilote à l’escadrille HF 32.

Le 12 octobre 1914, il est envoyé en mission : il s’agit d’une reconnaissance au-dessus de la ville de Lille, encerclée et soumise à un bombardement intensif. Le temps presse et le quartier général veut savoir si le 20ème bataillon de Chasseurs a réussi à arriver en renfort. Victor Ménard accomplira cette mission, se posant en acrobate sur l’esplanade qui se trouve devant la citadelle, sous la mitraille ennemie avec à son bord des dépêches, une caisse remplie de pigeons voyageurs et quelques médailles à distribuer.

A l’aérodrome de Buc, (Yvelines), Victor Ménard donne le baptême de l’air à Jean Chollet, Saint-Cyrien ©gallica.bnf.fr

Souffrant d’un fort mal de ventre avant de partir pour sa mission, il avait refusé d’être remplacé, minimisant la douleur qui l’accablait. Las, il s’effondrera au moment de remonter dans son avion, victime d’une péritonite appendiculaire et ne pourra redécoller de Lille, désormais occupée par les Allemands. Il sera hospitalisé, opéré, fait prisonnier par les Allemands et envoyé au camp de prisonniers de Halle-sur-Saale avant d’être transféré à Ingolstadt au fort Prinz Karl où il retrouvera le capitaine Zédé. Après deux années de captivité,  il s’évadera en compagnie du lieutenant Pinsard, réussissant à passer en Suisse, puis en France où il  reprendra ensuite les combats au sein du 1erGroupe d’Aviation, deviendra chef de la N 26 et commandant de l’Escadre de combat n° 1.

Le colonel Ménard et le Colonel Pinsard

Victor Ménard ne s’arrêtera pas là ! Ayant quitté l’armée en 1924 avec le grade de lieutenant- colonel, il est pressenti pour faire partie d’une expédition au pôle Nord en tant que pilote de reconnaissance. Pour diverses raisons, cette expédition ne verra pas le jour. Nul doute que Victor Ménard aurait adoré survoler ces immenses régions polaires aux commandes de son aéroplane et l’auteur l’imagine, sa moustache couverte de givre, traçant des courbes superbes dans l’espace, planant émerveillé au-dessus de blancs infinis… Pourtant il reprendra du service. Quelques années plus tard, la Seconde Guerre Mondiale le mobilise à nouveau en tant que Directeur des écoles de chasse aérienne dès 1939. Après 1940 il entre en résistance. Arrêté par les Allemands en 1943, expulsé de son domicile de La Rochelle où il est arrêté le 10 août, il est déporté pour la seconde fois en Allemagne, à Reuth. Il en sortira à la Libération très affaibli, ne se remettra pas des privations subies et décédera après une longue maladie le 13 avril 1954 à l’âge de 72 ans. Son corps sera transporté et inhumé au cimetière de Rochefort, dans le caveau de famille, dans la plus stricte intimité. Le journal La petite Gironde lui dédiera ce texte :    « L’une des plus prestigieuses figures de l’aviation de chasse française vient  de mourir à la Rochelle. Grand officier de la Légion d’Honneur, titulaire de dix citations à l’ordre de l’armée, le colonel Victor Ménard disparait et avec lui s’éteint l’une des plus pures figures de notre aviation de chasse. Rochefortais pur sang, comme tant d’autres, il porta le blason de sa ville natale au sommet de la gloire : alors que l’on cherche des noms pour conserver dans la pierre le souvenir des enfants de Rochefort ayant bien mérité du pays et de notre cité, souhaitons qu’un jour prochain celui du colonel Ménard soit donné à l’une de nos rues, rappelant ainsi à nos descendants le nom prestigieux d’un des précurseurs de l’aviation et héros national. »

Sur sa stèle qui s’efface doucement, on peut encore lire:

Victor Ménard 
 

8/6/81-13/4/54 
 

Colonel de l’armée de l’Air 
 

G.O de la Légion d’Honneur 
 

Croix de Guerre 14-18 et 39-40 
 

 Neuf Palmes 


Pionnier de l’Aviation 
 

Atterrit le premier à Rochefort, sa ville natale en 1911.

 ____________________________ 

C’est le récit de sa rocambolesque évasion, cette odyssée écrite de la main de Victor Ménard dans son rapport présenté au ministre de la Guerre à son retour de captivité et retranscrit par l’auteur, que nous vous proposons de découvrir dans ce n°20 des Écrits d’Ouest. (Les cahiers des Écrits d’Ouest peuvent être commandés ici : Société rochelaise d’histoire moderne et contemporaine, BP33, 97 rue Gambetta, 17002, La Rochelle cedex.)

Bruno Baverel

Bruno BAVEREL  Enfant, il a suivi ses parents à travers le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Vietnam et la Corse avant de venir retrouver ses racines familiales en Charente-Maritime. Il pensait faire une carrière de musicien avec son groupe de jazz rock, « Facteur Cheval », dans les années 70-80, mais finalement il se tourne vers l’écriture avec un premier roman Lieutenant indigène, sorti en 2007 aux éditions La Découvrance. Deux autres romans suivront avec Etienne et les sirènes, en 2009 suivi de Tintouin chez les Papous en 2011, toujours chez le même éditeur. La sortie d’un quatrième roman est prévue au premier semestre 2014 avec son nouvel éditeur, Geste éditions.  À noter également, coté musique, la reformation, trente ans plus tard, du groupe facteur Cheval renforcé désormais d’une choriste. L’enregistrement d’un CD et des concerts sont prévus aux environ de l’été 2013. À suivre…..!


Challes, avec deux ailes de Jean-Noël Violette

CHALLES, AVEC DEUX AILES
1913 – 2013
Cent ans d’aéronautique 
 à Challes-les-Eaux
par Jean-Noël Violette
Challes-les-Eaux est un nom mythique dans le milieu de l’aviation. Le 8e voyage aérien au monde s’y est déroulé dès 1784 et la commune savoyarde accueille depuis 1913 un aérodrome des plus réputés. À l’occasion du centenaire de ce site exceptionnel, il était indispensable de rappeler les meetings accueillant les plus prestigieux pilotes de leur époque, la création de l’Aéro-Club de Savoie en 1934, l’École des Remous de Joseph Thoret avant-guerre, le début des vols en planeur sous l’Occupation, un centre national des plus importants de 1945 à 1976 formant de nombreux moniteurs et pilotes professionnels, la formation de pilotes militaires dans les années 50, de multiples expérimentations de techniques (turbopropulseurs, hélicoptères, vol en montagne, lancement par treuil…), jusqu’à la montée en puissance du centre de vol à voile, aujourd’hui un des plus grands d’Europe et le premier de France pour ce qui est de la formation des jeunes pilotes. Jean-Noël Violette, ingénieur aéronautique, pilote, intructeur de vol à voile, a su délaisser les commandes de ses planeurs et avions pour prendre le temps de rassembler cette histoire passionnante puis d’en rédiger un ouvrage dense et richement illustré, servant parfaitement la valeur aéronautique et historique de Challes-les-Eaux.
Avec :
• la liste des moniteurs du Centre National,
• la liste des stagiaires et des pilotes de Challes,
• la liste du matériel volant utilisé (types et immatriculations) 
BLEU CIEL Editions
Format 17 x 24 cm
288 pages tout couleurs
Plus de 400 illustrations
ISBN : 978-2-918015-16-1
Sortie le 21 décembre mais vous pouvez le commander dès maintenant à BLEU CIEL Editions (3 bis, rue du Goujon, 71200 Le Creusot)  pour 35€ + 5€ de port

Une plaque de marbre dévoilée à la mémoire du commandant Edmond Marin la Meslée

Edmond Marin la Meslée
Une plaque de marbre dévoilée à la mémoire du commandant Edmond Marin la Meslée, as des as de la campagne de France 1939-1940 et parrain de l’ancienne base aérienne 112 de Reims

Le samedi 15 décembre 2012, à 10h30, au n° 9 de la rue Guillaume-de-Machault à Reims (face à l’office de tourisme et à deux pas de la cathédrale Notre-Dame), sera dévoilée une plaque de marbre gravée à la mémoire du commandant Edmond Marin la Meslée (1912-1945), parrain de l’ancienne base aérienne 112 de Reims (à partir de 1953), ceci dans le contexte de la célébration du centenaire de la naissance de cet aviateur, as des as de la campagne de France 1939-1940 (avec vingt victoires aériennes, dont seize homologuées).
Organisée à l’initiative de l’association Edmond Marin la Meslée (créée début 2011 pour sauvegarder et promouvoir le patrimoine aéronautique de Reims et sa région, berceau mondial de l’aviation civile et militaire) et du secteur 170 « Marne-Ardenne » de l’Association nationale des officiers de réserve de l’Armée de l’air (ANORAA) présidé par le capitaine de réserve Laurent Marchwant, cette cérémonie se déroulera avec la participation de nombreuses personnalités, en particulier en présence du général d’armée aérienne Denis Mercier, chef d’état-major de l’Armée de l’air (et ancien commandant de la base aérienne 112, qu’il dirigea de 2002 à 2004) et de Michel Bernard, sous-préfet de Reims.
Assisteront également à cet hommage de nombreux descendants du commandant Marin la Meslée, en particulier sa fille Catherine ainsi que Clara de Montesquieu, l’une de ses petites-filles, qui procédera au dévoilement de la plaque de marbre (avec inscription en français et en anglais) aux côtés du chef d’état-major de l’Armée de l’air et d’Henri Wénisch, 95 ans, ancien mécanicien personnel du commandant Marin la Meslée pendant la dernière guerre mondiale (1943-1944). Y participeront aussi plusieurs officiers (dont le commandant en second) de l’escadron de chasse 2/3 « Champagne », unité qui, stationnée sur la base aérienne 133 de Nancy et aujourd’hui dotée de Mirage 2000, est l’héritière des traditions de l’ancien groupe de chasse I/5 de Reims au sein duquel Edmond Marin la Meslée fut affecté en 1937 et qu’il commandait au moment de sa mort.
Cette cérémonie qui sera présentée par Frédéric Lafarge, ancien chargé de relations publiques de la base aérienne 112 et conservateur du musée de la BA 112 et de l’aéronautique locale, comprendra le dévoilement de la plaque, une minute de silence et diverses allocutions, qui seront celles d’Hervé Chabaud, président de l’association Edmond Marin la Meslée, de Clara de Montesquieu, de Bernard Mary, président de l’office de tourisme de Reims, du général Denis Mercier, chef d’état-major de l’Armée de l’air, et de Michel Bernard, sous-préfet de Reims.

Pour tout renseignement complémentaire, prière de contacter l’association Edmond Marin la Meslée :
Tel 06 41 81 22 11.