
Je me souviens très bien de ce bel avion Rallye Club MS880B équipé d’un moteur de 100 CV — celui de l’Aéroclub de Valenciennes — que j’ai côtoyé à mes débuts. Une époque bénie, celle de mes premiers pas dans l’aviation, alors que j’étais encore élève pilote, en 1963, juste avant mes 16 ans.
Je n’ai pas vraiment évolué en tant que pilote malgré un bref épisode sur Norecrin, mais les souvenirs sont intacts. J’étais encore lycéen, et certains dimanches ou jours fériés, je prenais le tram jusqu’à Denain. Une fois arrivé à l’aérodrome, j’ouvrais les hangars, je sortais les Jodel — en les tenant par cette petite poignée vers l’arrière du fuselage —, je faisais les pleins… et je passais des heures à tenir la planche de bord, tout simplement pour être là, au cœur de cet univers.

C’était un vrai privilège pour moi. En échange, comme une récompense discrète, le Chef Pilote — un ancien pilote de chasse nommé Charles Alfred (à confirmer pour le nom) — m’invitait parfois comme passager. Il m’accordait même quelques moments d’initiation hors du livret officiel. Une chance inestimable pour un jeune aviateur en herbe.
J’ai récemment retrouvé une diapo scannée d’un de ces moments magiques : un vol en formation en croix, avec le Rallye et trois Jodel. C’était un exercice organisé par le Chef Pilote pour apprendre à respecter les distances de sécurité, puis à évoluer à quatre en formation décalée. Celui de l’arrière passait par en dessous sur le côté. Ensuite, on faisait un passage bas “réglementaire”, juste au-dessus de la piste, devant la tour de contrôle, avant un final en éclatement en étoile.
Ce moment reste gravé à jamais dans ma mémoire.
Patrick Bordier