(photo collection privée Denys Tabuteau) |
Répondant à l’appel que j’ai lancé sur mon profil, Denys Tabuteau, petit-neveu de Maurice Tabuteau (1884-1976) m’a envoyé un mail avec la photo ci-dessus où on peut voir Henri Farman (à genoux) charger un réservoir d’essence de 300 litres sur l’avion de son concurrent. Mais, il ne savait pas que l’avion ne pouvait pas décoller avec le plein complet .
Pour gagner la coupe Michelin (prix de 25 000 Francs or) crée en 1908, il fallait parcourir la distance la plus longue de l’année, le mieux était donc de tenter ce vol le plus tard possible en décembre .
En 1910, 1er coup de génie de Maurice Tabuteau (brevet n°128 du 1er juillet 1910) est d’avoir commandé dans le secret le réservoir pour le faire adapter au dernier moment. Tous les autres concurrents y compris Maurice Farman ont utilisé un réservoir identique, mais en le remplissant à ras bord, du coup leurs essais pour décoller sont restés vains. Très finement, Maurice Tabuteau n’avait rempli le sien seulement qu’avec 250L, juste assez pour parcourir la distance.
En 1908, la coupe Michelin fut gagné par Wilbur Wright avec un vol de 121 km. En 1909 Maurice Farman double la distance, et le 30 décembre 1910, Maurice Tabuteau la double à nouveau à Buc avec 582 km 935 m en 7 heures 48 minutes et 31 secondes sur Biplan Maurice Farman à moteur Renault de 50 Cv. Maurice Tabuteau vola à titre privé jusqu’à l’age de 85 ans.
(photo collection privée Denys Tabuteau) |
Denys Tabuteau publie en 2000 aux éditions Amateis les mémoires de son grand-oncle un ouvrage abondamment illustré qui se lit d’un trait : « Maurice Tabuteau Pionnier de l’aviation« . Celui-ci s’exprime à la première personne dans un style fluide très vivant et souvent cocasse car rempli d’anecdotes dont étaient parsemées le quotidien de ces pionniers. Un long extrait des Mémoires de Maurice Tabuteau fut publié en 1988 en 6 parties dans le « Fana de l’aviation » sous le titre « Moi, Maurice Tabuteau, aviateur professionnel en 1910 » (numéro 224 de juillet au numéro 229 de décembre)
Maurice Tabuteau fut avant tout un opportuniste au bon sens du qualificatif, il sut anticiper: en trois ans avec Farman ( la double commande), la manière avec laquelle il remportat la coupe Michelin, le Pau-Paris ayant attendu un bon vent arrière, Le circuit des Capitales en finissant sur le fil avec un moteur canibalisé,première mission militaire en 1911, et finalement en 1918 le rapport élogieux de sa mission aux USA.
Comme vous dites il a su sentir d'où le vent venait, ce qui est plutôt une qualité pour un aviateur. Dommage de ne pas signer ce commentaire intéressant?